Awa Ndong, la vendeuse en pharmacie condamnée, 6 mois avec sursis et 1 million à payer à son ex-patronne

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 13 Mars 2019 à 10:45 modifié le Mercredi 13 Mars 2019 10:47

Si Awa Ndong a été relaxée, hier, alors qu’elle encourait 2 ans de prison ferme pour offre et cession de drogue, elle n’en a pas moins été condamnée à 6 mois de prison assortis du sursis pour abus de confiance. Cette vendeuse en pharmacie commandait et réceptionnait des abortifs, des aphrodisiaques ainsi que du Rivotril (drogue classée au tableau 2 et appelée drogue du violeur), qu’elle revendait à des tiers sous le manteau, alors que sa patronne Seynabou Sow interdisait toute vente desdits médicaments.


C’est avec son bébé dans les bras que la vendeuse en pharmacie Awa Ndong s’est présentée devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. 

Cette dame de 28 ans a été traduite, hier, par son employeuse Seynabou Sow, pour les faits d’abus de confiance et d’offre et cession de drogue. En effet, la pharmacienne, qui avait une totale confiance en sa vendeuse, lui avait laissé une grande responsabilité dans sa pharmacie. Ainsi, Awa Ndong était chargée de commander les médicaments, de les réceptionner et de mettre les étiquettes. 

Tout de même, sa patronne avait formellement interdit, à elle ainsi qu’à toutes les autres vendeuses, la vente des médicaments tels que le Rivotril (qui fait partie des médicaments communément appelés drogues du violeur), l’Arthrotec (médicament servant à interrompre une grossesse) ainsi que des aphrodisiaques. Mais n’en faisant qu’à sa tête, elle n’a pas obéi aux ordres de son employeuse. 

Ainsi, à l’insu de celle-ci, chaque fois qu’elle faisait la commande de médicaments, Awa Ndong y incluait aussi ceux interdits. C’est ainsi qu’elle empochait les sommes provenant des médicaments prohibés qu’elle vendait. 

L’ayant soupçonné depuis longtemps, la pharmacienne Seynabou Sow, qui venait rarement à la pharmacie durant la journée, s’y est rendue le 4 février 2019 vers les coups de 13h. Une fois sur place, elle a envoyé la vendeuse indélicate Awa Ndong à la boutique. C’est ainsi qu’en vérifiant, elle a vu lesdites commandes de médicaments dont elle avait interdit toute vente dans sa pharmacie. Pis, elle a trouvé deux boites de Rivotril dans le sac de Awa Ndong. Elle accuse le coup avant de traîner en justice sa vendeuse. 

Seynabou Sow charge son ancienne vendeuse 

Hier, face au juge, la pharmacienne-plaignante Seynabou Sow n’a pas été tendre avec son ancienne vendeuse, Awa Ndong. «Elle me volait presque tous les jours. Elle ne commandait que des produits chers chaque jour et je suppose qu’elle les revendait. Lorsque j’ai regardé les bordereaux de livraison, j’ai vu le Rivotril, des abortifs comme l’Arthrotec. Alors que je ne le commande pas. Je ne le vends pas non plus et encore moins sans ordonnance. Les autres employés le savent, parce que je le leur ai interdit. J’ai fouillé dans son sac et j’y ai trouvé 2 boites de Rivotril. Elle a imploré mon pardon, mais je l’ai chassée de ma pharmacie. C’est le lendemain que je l’ai appelée et ai fait un inventaire qui a abouti à une valeur de 5 millions de médicaments qu’elle a dissipée», explique-t-elle. 

Interpellée à son tour, Awa Ndong a tout réfuté en bloc. «J’ai bien fait une réclamation de Rivotril et de l’Efferalgan, mais c’était la commande de la pharmacie. C’est inexact, elle n’avait pas arrêté de les vendre. Je n’ai pas vu les supposées boîtes de Rivotril qu’elle dit avoir trouvées dans mon sac. Si elles y étaient, c’est peut-être mon fils de 4 ans qui les a mises dans mon sac, parce qu’à un moment, je mettais les étiquettes sur les médicaments», se dédouane-t-elle. 

La prévenue Awa Ndong : «c’est faux, elle est en train d’organiser sa faillite…» 

L’un des assesseurs, peu convaincu de cette réponse, lui a demandé pourquoi son fils a choisi de mettre le Rivotril dans son sac et non un autre ? N’étant pas en mesure de répondre à cette question, la prévenue, qui avait pourtant présenté des excuses à l’enquête, a complètement varié devant le juge. «Elle a appelé mon mari pour l’informer que je lui avais volé. Je lui ai demandé pardon sur le fait qu’elle a trouvé ledit médicament dans mon sac et non sur le fait de lui avoir volé 5 millions en médicaments. C’est elle qui les a mis dans mon sac pour m’accuser. Parce qu’elle organise sa faillite après avoir fait son inventaire. Pis, elle a fait une évaluation en mon absence», raconte Awa Ndong. 

Ces allégations n’ont pas convaincu l’avocat de la partie civile, Me Thioub, qui a demandé 5 millions à titre de dommages et intérêts. La robe noire d’enfoncer la prévenue: « elle commandait de l’Arthrotec qui est un abortif et des aphrodisiaques qui se trouvaient dans les factures et non dans le cahier. Elle commandait 20 types de médicaments et encaissait la vente des 5 pour son propre compte. C’est de l’abus de confiance. Libre à vous aussi de le qualifier pour vol. Par ailleurs, les médicaments qu’elle commandait ne pouvaient pas être vendus sans ordonnance puisque ce sont des drogues classées au tableau 2», plaide l’avocat. 

6 mois avec sursis et 1 million à payer 

Dans la même foulée, la parquetière, selon qui la culpabilité de la dame est sans ambages, a requis 2 ans de prison ferme. «Il y a d’autres comprimés jugés dangereux qu’elle commandait, à savoir des abortifs etc. Durant 11 mois, elle a agi ainsi. Je ne le crois pas, parce que c’est elle qui les commandait. Le Rivotril, c’est de la drogue (pion)», peste le procureur. 

Des arguments qui ont fait bondir de sa chaise l’avocat de la défense, Me Aboubacry Barro. A en croire Me Barro, la preuve de la culpabilité de sa cliente n’a pas été rapportée. Pour lui, il y a beaucoup de zones d’ombre dans ce dossier. Au final, le tribunal a relaxé Awa Ndong pour le délit d’offre et cession de drogue avant de la condamner à 6 mois de prison assortis du sursis pour abus de confiance. Elle doit également payer 1 million de dommages et intérêts à son ancienne patronne. 






Fatou D. DIONE jotaay
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