CORONAVIRUS - Internet et les réseaux mondiaux peuvent-ils vraiment s’effondrer sous le poids de l’augmentation du trafic lié au coronavirus ?
A priori non, mais le confinement mène tout de même à une situation inédite et différentes plateformes réduisent déjà leur débit par précaution.
Les pics de trafic sont 20 à 40% plus élevés que l’an dernier à la même époque. En plus, les flux de données se répartissent différemment, explique Nokia. Il y a notamment une “hausse sans précédent” des applications qui nécessitent un temps de latence faible pendant les heures de bureau : les outils de vidéoconférence par exemple type Skype ou Zoom sont en hausse de 300% aux États-Unis, et les jeux vidéo en hausse de 400%.
À Francfort en Allemagne, le trafic a notamment culminé le 10 mars avec le chiffre jamais atteint de 9,1 térabits par seconde (1165 gigaoctets), mais l’entreprise s’estime “préparée” à supporter l’augmentation prévue du trafic “sans aucun problème”.
Les services (cours en ligne, VPN d’entreprises) auxquels les utilisateurs tentent d’accéder peuvent également saturer en raison d’une infrastructure qui n’est pas bien dimensionnée, sans que les réseaux en soient la cause.
“Les réseaux jusqu’à maintenant semblent avoir encaissé la hausse”, explique Nokia. “Mais ces hausses étaient supposées prendre plusieurs années pour se produire”, et non pas survenir brutalement.
Il s’est entretenu avec plusieurs dirigeants de grandes plateformes de vidéos, qui ont annoncé ensuite diminuer temporairement la qualité de leurs flux.
La plateforme américaine de vidéo en ligne Disney+ s’est ainsi lancée mardi dans sept pays européens (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Italie, Espagne, Autriche et Suisse), avec un débit réduit d’au moins 25%. Elle a retardé son lancement en France au 7 avril.
Ces acteurs sont identifiés par les opérateurs comme les plus gros consommateurs de bande passante. Fin 2018, 53% du trafic des principaux opérateurs français provenait de Netflix, Google (dont YouTube), Akamai (un distributeur de contenus tiers) et Facebook, selon l’autorité de régulation des télécoms (Arcep).
Pour ces entreprises régulièrement pointées du doigt en Europe pour leurs manquements face aux régulations, répondre à l’appel de Breton est une manière de donner des gages aux autorités politiques.
C’est également “une mesure de précaution”, explique à l’AFP Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange. “Nous ne savons pas combien de temps cette situation (de crise) va durer, et la vraie question, si le volume de données augmente jour après jour, c’est pourra-t-on envoyer des gens sur le terrain d’ici deux ou trois semaines pour augmenter les capacités de notre réseau?”.
Ce principe veut que tous les trafics se valent sur internet, et qu’il ne soit donc pas possible de favoriser tel flux plutôt que tel autre. La crise serait l’occasion pour les opérateurs télécoms de créer des sortes d’autoroutes à péage garantissant plus de débit à ceux qui paieraient plus. Au risque de favoriser dans le réseau mondial l’apparition de sous-réseaux privés, plus rapides... et plus chers.
Techniquement, l’interconnexion privée des opérateurs et des services existe d’ailleurs déjà. En France selon l’Arcep, la moitié du trafic entrant relève du “peering”, des accords bilatéraux entre opérateurs et grands acteurs d’internet (dont les plateformes de contenus) pour établir des connexions directes, privilégiées.
Selon Jean-Luc Vuillemin, Netflix par exemple gère lui-même l’acheminement de ses contenus en France et crée des liens directs avec les opérateurs pour sa distribution. Mais Disney+ souhaite de son côté se reposer sur l’infrastructure internationale du distributeur Akamai.
Pour les acteurs plus petits, le principe général reste toutefois celui d’un accès équitable de tous au réseau. Nicolas Guillaume, cofondateur de l’opérateur pour professionnels Netalis, pense “qu’avec cette crise, les ingénieries d’interconnexions seront revues pour éviter tout goulet d’étranglement et que l’échelle régionale sera à l’avenir sans doute privilégiée”.
A priori non, mais le confinement mène tout de même à une situation inédite et différentes plateformes réduisent déjà leur débit par précaution.
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Quelle est l’augmentation du trafic internet?
Les pics de trafic sont 20 à 40% plus élevés que l’an dernier à la même époque. En plus, les flux de données se répartissent différemment, explique Nokia.
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A-t-on franchi des records ?
À Francfort en Allemagne, le trafic a notamment culminé le 10 mars avec le chiffre jamais atteint de 9,1 térabits par seconde (1165 gigaoctets), mais l’entreprise s’estime “préparée” à supporter l’augmentation prévue du trafic “sans aucun problème”.
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Internet a-t-il donné des signes de faiblesse ?
Les services (cours en ligne, VPN d’entreprises) auxquels les utilisateurs tentent d’accéder peuvent également saturer en raison d’une infrastructure qui n’est pas bien dimensionnée, sans que les réseaux en soient la cause.
“Les réseaux jusqu’à maintenant semblent avoir encaissé la hausse”, explique Nokia. “Mais ces hausses étaient supposées prendre plusieurs années pour se produire”, et non pas survenir brutalement.
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Pourquoi Netflix, YouTube, Facebook, Disney+ ont-ils adopté des formats vidéo moins lourds?
Il s’est entretenu avec plusieurs dirigeants de grandes plateformes de vidéos, qui ont annoncé ensuite diminuer temporairement la qualité de leurs flux.
La plateforme américaine de vidéo en ligne Disney+ s’est ainsi lancée mardi dans sept pays européens (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Italie, Espagne, Autriche et Suisse), avec un débit réduit d’au moins 25%. Elle a retardé son lancement en France au 7 avril.
Ces acteurs sont identifiés par les opérateurs comme les plus gros consommateurs de bande passante. Fin 2018, 53% du trafic des principaux opérateurs français provenait de Netflix, Google (dont YouTube), Akamai (un distributeur de contenus tiers) et Facebook, selon l’autorité de régulation des télécoms (Arcep).
Pour ces entreprises régulièrement pointées du doigt en Europe pour leurs manquements face aux régulations, répondre à l’appel de Breton est une manière de donner des gages aux autorités politiques.
C’est également “une mesure de précaution”, explique à l’AFP Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange. “Nous ne savons pas combien de temps cette situation (de crise) va durer, et la vraie question, si le volume de données augmente jour après jour, c’est pourra-t-on envoyer des gens sur le terrain d’ici deux ou trois semaines pour augmenter les capacités de notre réseau?”.
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Les géants d’internet ont-ils des arrière-pensées ?
Ce principe veut que tous les trafics se valent sur internet, et qu’il ne soit donc pas possible de favoriser tel flux plutôt que tel autre. La crise serait l’occasion pour les opérateurs télécoms de créer des sortes d’autoroutes à péage garantissant plus de débit à ceux qui paieraient plus. Au risque de favoriser dans le réseau mondial l’apparition de sous-réseaux privés, plus rapides... et plus chers.
Techniquement, l’interconnexion privée des opérateurs et des services existe d’ailleurs déjà. En France selon l’Arcep, la moitié du trafic entrant relève du “peering”, des accords bilatéraux entre opérateurs et grands acteurs d’internet (dont les plateformes de contenus) pour établir des connexions directes, privilégiées.
Selon Jean-Luc Vuillemin, Netflix par exemple gère lui-même l’acheminement de ses contenus en France et crée des liens directs avec les opérateurs pour sa distribution. Mais Disney+ souhaite de son côté se reposer sur l’infrastructure internationale du distributeur Akamai.
Pour les acteurs plus petits, le principe général reste toutefois celui d’un accès équitable de tous au réseau. Nicolas Guillaume, cofondateur de l’opérateur pour professionnels Netalis, pense “qu’avec cette crise, les ingénieries d’interconnexions seront revues pour éviter tout goulet d’étranglement et que l’échelle régionale sera à l’avenir sans doute privilégiée”.