Aurélie Châtelain: "nouvelle victime du terrorisme" selon le procureur

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 22 Avril 2015 à 19:51 modifié le Mercredi 22 Avril 2015 19:54

TERRORISME - Elle avait 32 ans, était danseuse et très investie dans la vie politique de sa commune dans le Nord, à Caudry. Dimanche 19 avril au matin, son corps gisant dans sa voiture en flammes a été retrouvé à Villejuif dans la banlieue de Paris. Un meurtre inconcevable pour ses proches et qui pourrait être lié aux activité terroristes de Sid Ahmed Ghlam, faisant de la danseuse une ""nouvelle victime du terrorisme", a indiqué le procureur de Paris François Molins.

La victime est originaire de Caudry, près de Valenciennes. Au chômage, elle a rejoint la banlieue sud de Paris en voiture samedi pour y suivre un stage de pilates, une méthode douce de gymnastique, pendant une semaine. D'abord un passage par Clamart (Hauts-de-Seine) samedi, puis Villejuif (Val-de-Marne) ensuite.

"Arrivée à Clamart!!!! demain direction Villejuif.....trouvé hôtel à 20 min à pieds.... trop contente!!!!", écrit-elle sur Facebook samedi à 23h26. La veille de sa mort. Environ neuf heures plus tard, c'est à Villejuif que deux passants signalent aux pompiers son véhicule qui commence à prendre feu. La jeune femme est déjà morte. Impossible de la réanimer.

Que s'est-il passé ?

Son Renault Scénic est garé dans un virage, en montée, devant un autre véhicule, dans une rue pavillonnaire tranquille, à quelques dizaines de mètres de deux hôtels. Aucun témoin ou presque. Seule une riveraine explique dimanche à l'AFP avoir entendu quelque chose "vers 08h00", "comme un coup de pétard, mais ça pouvait être aussi une portière qui claque".

A Créteil, le parquet ouvre une enquête pour "homicide volontaire", confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris. Mauvaise rencontre, crime crapuleux ou passionnel, "tout est ouvert", soufflait dimanche la source judiciaire. Or ce mercredi 22 avril, ce faits-divers rebondit et prend alors une dimension nationale car lié aux projets terroristes de Sid Ahmed Ghlam.
Les enquêteurs ont en effet établi un lien entre l'arme du meurtre et Sid Ahmed Ghlam, arrêté dimanche matin car suspecté de préparer des attentats à Paris. Les premières analyses balistiques, génétiques et de géolocalisation téléphonique le mettent en cause pour ce meurtre.

"L'exploitation des données GPS" a permis de situer la présence du suspect "à Villejuif, dans le créneau horaire où Aurélie Châtelain était tuée", a indiqué le procureur, selon qui la jeune femme a été tuée "d'une seule balle" et non trois comme plusieurs médias l'avaient annoncé. Aurélie Châtelain est une "nouvelle victime du terrorisme" a indiqué François Molins.
Victime collatérale d'un attentat raté ?

Et si sa mort avait causé l'échec de Sid Ahmed Ghlam? Selon les informations du Monde, "le suspect pourrait avoir tenté de voler le véhicule, pour une raison encore inconnue, braquage manqué au cours duquel il s'est vraisemblablement tiré une balle dans la jambe par inadvertance".

Blessé par, l'homme a alors appelé le SAMU qui lui vient en aide. Compte tenu de l'origine de sa blessure, les secours alerte la police qui, ensuite, procède à son arrestation.

Une mère de famille sans histoire

A Caudry, l'émotion est énorme. "Elle n’avait pas d’ennemis, que des amis", soupire son père Jean-Luc, la voix presque étouffée par le chagrin, joint lundi au téléphone par l'AFP.

Aurélie Châtelain avait une petite fille, Juliette, cinq ans. "Le père de la petite, qui vit également à Caudry, et ma fille sont séparés depuis quelques années mais ils s’entendaient bien", souligne Jean-Luc Châtelain. "Je m'occupe de ma fille et fais déjà comme je peux pour garder la tête froide face à elle", précise le père de la fillette sur Facebook. "Je ne sais quoi dire devant tant d'effroi, d'incompréhension, de colère et de haine." Une affiche en sa mémoire été accrochée sur le mur de la mairie.
Surnommée Lilly par ses proches, Aurélie Châtelain était pleinement investie dans sa ville, où elle avait commencé par travailler entre 2002 et 2007 auprès d'enfants de 11 à 17 ans comme animatrice au sein d'un centre social."Tout ceux qui l'ont connue sont abasourdis. Pourquoi ?", soupire son ancien directeur, Eric Bernard, qui décrit une jeune femme "toujours souriante".

En 2007 à 2014, titulaire d'un CAP "petite enfance", elle rejoint "La Maison Enchantée", la crèche communale, où les 15 employés sont "sous le choc" devant ce "fait inimaginable, impensable", selon leur responsable Sylvie Poix. Parallèlement, cette jolie fille aux yeux bleus, passionnée par la danse et le fitness, est élue conseillère municipale, entre 2008 et 2014, sur la liste du maire de droite Guy Bricout."La danse était sa vie.", écrit notamment ce dernier dans un communiqué co-signé avec le conseil municipal.

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Cheikh Amidou Kane
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