Au Sénégal, les journalistes à l’étau des fanatiques de Sonko et des zélés de Macky

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 1 Mars 2024 à 15:30 modifié le Vendredi 1 Mars 2024 15:38

La journaliste Maïmouna Ndour Faye a été agressée, poignardée hier soir après une émission. D’après les infos, elle a été attendue par l’agresseur devant sa maison qui est en même temps le local qui abrite sa télévision 7TV. La nouvelle est terrifiante, l’acte lâche, mais la vérité est qu’il fallait s’y attendre. On devait savoir qu’un jour ou l’autre, un journaliste serait agressé, sa vie mise en danger. Heureusement pour Maïmouna, elle est tirée d’affaire, dit-on.

Pour l’instant, l’identité de l’agresseur ou des agresseurs est inconnue. Certains ont vite fait d’établir un lien entre la plainte annoncée par le collectif des anciens détenus dits politiques contre la journaliste à qui ils reprochent d’avoir affirmé que ces ex-détenus libérés pour apaiser le climat social sont des criminels. Ce que Maïmouna dément, niant avoir tenu de tels propos.

Ainsi, il nous semble plus prudent et plus sage de se garder de désigner qui que ce soit ou de se livrer à des conclusions hâtives. D’ailleurs, le fait de vouloir porter plainte indique peut-être que ceux qui se sont sentis lésés semblent opter pour la voie de la légalité à celle de l’auto-justice.

On ne perd rien donc à être prudent sur le ou les auteur(s) avant qu’il(s) ne soit(ent) démasqué(s).

Il n’empêche que cette agression contre Maïmouna Ndour Faye rappelle un certain nombre de discours et d’actes contre la presse, portés depuis quelques années, d’une part, par le camp du président Macky Sall et, d’autre part, par celui de l’opposant Ousmane Sonko. Ces deux entités ont fini par être une menace réelle contre la presse, qu’elle soit nationale ou étrangère. Ce qui est arrivé à Maïmouna Ndour Faye aurait pu arriver à un autre journaliste sénégalais ou étranger.

Les dernières diatribes contre la presse française en particulier, celle occidentale en général, lors du ‘’dialogue national’’ en sont une illustration parfaite. Des attaques venues du président Macky Sall en personne qui accuse les médias étrangers d’avoir mobilisé des équipes dans l’espoir qu’il y aurait du feu et du sang au Sénégal.

Pourtant, au-delà des intentions manifestes ou cachées, il y a un fait constant : l’ensemble des médias s’étaient mobilisés au Sénégal, non pas pour couvrir une crise, mais la campagne électorale. Au moment où le président interrompait le processus, les télévisions étrangères étaient déjà à Dakar pour la campagne électorale. Pourquoi alors ces équipes devraient partir si une crise s’installe à la place d’une élection ?

Ces genres de propos venus de Macky Sall ou de Cheikh Tidiane Gadio sont de nature à exposer les professionnels des médias, peu importe leur nationalité.

Journalistes, pas militants

D’ailleurs, le vent semble tourner au Sénégal. Il y a quelques mois, ces attaques venaient non pas du camp du pouvoir, mais de l’opposition, Pastef précisément. Ousmane Sonko s'était distingué par des attaques quasi systématiques à la fois contre la presse nationale et la presse étrangère. Et il a été suivi en cela par les "intégristes" de Pastef. Les partisans de Sonko ont fait de l’insulte et de la menace contre les journalistes leur jeu favori sur les réseaux sociaux.

Et c’est cette montée de la haine contre les journalistes qui a abouti, dans un premier temps, à une attaque contre les locaux de la radio RFM et une agression contre une équipe de TFM, lors d’un rassemblement.

D’un côté (Benno) comme de l’autre (Pastef), on estime que les journalistes doivent être des militants ou des chargés de communication qui disent ce que le prince a envie d’entendre. Macky Sall et Moussa Bocar Thiam se sont empressés de condamner l’acte ignoble, la coalition Diomaye président aussi. Peut-être que Pastef suivra et que Sonko fera un tweet. C’est l’occasion de dire à toutes ces personnalités et entités que la meilleure façon de condamner une agression contre les journalistes est d’arrêter d’inciter à la haine, de se livrer à des procès d’intention sans aucun fondement. Mais c’est aussi, au-delà des journalistes, d’arrêter de mettre en péril les entreprises de presse par des actes irréfléchis comme la coupure d’un signal ou le retrait d’une licence.



























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