Attentats de Paris: les arrestations s'enchaînent

Rédigé par Dakarposte le Mardi 17 Novembre 2015 à 17:31 modifié le Mardi 17 Novembre 2015 17:45

A Paris, et dans plusieurs villes françaises, les enquêteurs multiplient les perquisitions. Sept personnes ont également été arrêtées en Allemagne prés de la frontière belge, dans la région d'Aix-la-Chapelle. Une question doit encore être résolue : y avait-il deux ou trois équipes de tueurs ? Une maison louée par l'un d'eux à Bobigny en banlieue parisienne a été fouillée... sans résultat.


Il s'agissait d'une location d'une semaine, réservée via un site internet, au nom de l'un des kamikazes identifiés, Brahim Abdeslam, le frère de Salah. Ce sont les propriétaires de ce pavillon qui ont appelé les policiers lorsque son nom a été cité dans le cadre de l'enquête sur les attentats. Selon eux, plusieurs hommes se sont présentés prétendant être des hommes d'affaires belges en voyage. « Très corrects », aux dires de la femme qui leur a remis les clés. La maison était louée à partir de mardi dernier.

Le pavillon a été fouillé dimanche soir. Les enquêteurs n'y auraient pas trouvé d'armes mais seraient repartis avec du matériel téléphonique.

De même, une voiture suspecte a été retrouvée ce mardi matin dans un quartier du nord de Paris, dans le XVIIIème arrondissement : une Renault Clio noire immatriculée en Belgique et garée au même endroit depuis samedi. Elle a été emmenée par la police. Elle pourrait avoir été utilisée par l'un des commandos.

Un membre du commando arrêté... puis relâché


A ce jour, cinq des sept kamikazes ont déjà été identifiés. Parmi eux, quatre Français : Samy Amimour, Omar Ismaïl Mostefaï, Bilal Hadfi et Brahim Abdeslam. Le cinquième homme était muni d'un passeport syrien au nom d'Ahmad al-Mohammad, une identité qui reste à confirmer avec authentification ou non du document. Un huitième, vivant, serait en fuite. Il s'agit de Salah Abdeslam, suspecté d'avoir été l'artificier des terroristes. Les enquêteurs ont pu établir comment il a quitté Paris dans la nuit de vendredi à samedi : deux de ses proches sont venus de Bruxelles quelques heures après les attentats pour le récupérer.

Ils roulaient à bord d'une Volkswagen modèle Golf. La voiture a été contrôlée dans le sens Paris-Bruxelles vers 9h du matin samedi, au péage de Cambrai, dans le nord de la France. A ce moment-là, Salah Abdeslam se trouvait dedans, mais il n'avait pas encore été identifié comme membre du commando. Il n'a donc pas été arrêté. Ses deux chauffeurs, eux, ont été interpellés à Bruxelles samedi.

Par ailleurs, la carte bancaire de Salah Abdeslam a servi à louer, la veille des attentats, deux chambres d'hôtel, à Alfortville en banlieue parisienne. Selon une source citée par l'AFP, elles auraient été perquisitionnés dimanche.

L'« inspirateur » en Syrie

Les enquêteurs ont également dans leur viseur Abdelhamid Abaaoud, un jihadiste belge. L'homme, qui vivrait en Syrie, et présenté comme « l'inspirateur » des attaques. Son nom apparaît dans plusieurs projets d'attentats en Europe. Il est le cerveau présumé de la cellule de Verviers, en Belgique, une cellule démantelée en janvier dernier et qui, selon le procureur fédéral, prévoyait de tuer des policiers sur la voie publique et dans des commissariats.

En France, son nom est cité dans un projet d'attentat visant - déjà - une salle de concert. C'est lui qui aurait déterminer cette cible. L'homme qui devait mener l'attaque, lui, a été arrêté en août.

Sept arrestations en Allemagne

Sept personnes ont été arrêtées, mardi, en Allemagne à Alsdorf près d'Aix-la-Chapelle à la frontière avec la Belgique, a fait savoir la police locale. Deux femmes et un homme dans un premier temps, puis deux nouvelles arrestations suivies de deux autres. La police allemande se montre prudente sur l'éventuel lien entre ces personnes et les attentats de Paris. « Il est bien sûr trop tôt pour dire quoi que ce soit sur ces différents individus. Nous vérifions si ce lien supposé confirme des indications que nous avons reçues ou s'il s'évapore », a expliqué à la chaîne allemande d'information en continu NTV un porte-parole de la police régionale. Une réserve confirmée ensuite par le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière. « On n'a pas encore terminé d'examiner les choses, mais à ce stade, il ne semble pas qu'ils soient directement liés aux attaques à Paris », a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse à Berlin. 

La faiblesse belge

Le volet belge de l'enquête se concentre autour du quartier de Molenbeek en banlieue ouest de Bruxelles. La vaste opération policière lancée dans ce quartier populaire n'a pas permis de retrouver Salah Abdeslam. Les forces de sécurité belges sont aujourd’hui pointées du doigt dans leur travail pour assurer le renseignement et la sécurité.

Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet

Il y a d’abord, effectivement, des accusations qui ont été émises par des personnels hauts placés dans le renseignement en France et dans les agences de sécurité de coopération internationale, disant que la Belgique ne fournissait pas assez de signalements, ne fournissait pas assez d’informations.

Prédicateurs salafistes

Il faut dire que la Belgique semble avoir mis du temps à prendre la mesure de la menace. Il aura fallu attendre 2014 et les premières initiatives franco-belges pour lutter contre la radicalisation et le départ de volontaires jihadistes vers la Syrie et vers le Proche-Orient, pour que les forces belges de sécurité et de renseignement se mobilisent plus. Il aura surtout fallu attendre le démantèlement de la cellule de Verviers pour que soit créé un Conseil national de sécurité en Belgique, pour qu’un centre de crise prenne véritablement la mesure du problème et que la Belgique fasse beaucoup plus.

Il faut dire que pendant très longtemps il y a eu une sorte de faille dans l’Etat belge, avec une multiplication des gouvernements et des prérogatives de chacun. Et puis pendant très longtemps aussi la Belgique a laissé arriver sur son territoire des prédicateurs salafistes ou en confiant par exemple à l’Arabie saoudite la responsabilité de la grande Mosquée de Bruxelles.
Mamadou Ndiaye
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