Assassinat de Nasrallah : Hachem Safieddine, le cousin programmé pour diriger le Hezbollah

Rédigé par Dakarposte le Lundi 30 Septembre 2024 à 21:21 modifié le Lundi 30 Septembre 2024 21:24

Comme son cousin Hassan Nasrallah, tué le 27 septembre dans des bombardements israéliens sur le QG du Hezbollah libanais, dans la banlieue sud de Beyrouth, Hachem Safieddine porte le turban noir des descendants du prophète Mahomet. Il est désormais le favori pour prendre la tête du parti chiite au Liban. Non sans l’appui de son frère Abdallah Safieddine, le très influent chef du bureau du Hezbollah en Iran.


Alors que les spéculations vont bon train sur la capacité du Hezbollah à se relever de la perte de son chef Hassan Nasrallah, pilier idéologique et stratégique du parti chiite, une quasi-certitude semble se dégager du côté des experts sur l’identité de son successeur.

À moins d’un coup de théâtre au sein du "Parti de Dieu" – ou d’une frappe israélienne le visant dans les prochains jours –, c’est Hachem Safieddine qui a le plus de chances de succéder à son cousin (leurs mères respectives sont sœurs), bien que le numéro deux officiel du parti chiite soit Naïm Qassem.

Ce dernier, dans sa première prise de parole depuis la mort de Hassan Nasrallah, a indiqué, lundi 30 septembre, que le parti pro-iranien se choisirait un nouveau secrétaire général le plus tôt possible, à la première occasion et conformément à la procédure prévue. C’est-à-dire une élection pour un mandat de trois ans par le conseil de la choura, l’organe suprême du Hezbollah.

Et d'ajouter, dans un discours télévisé destiné à rassurer la base et les combattants du mouvement alors que son commandement est décimé par l’armée israélienne, que "le choix sera facile".

"On parle beaucoup de Hachem Safieddine, qui est le responsable du conseil exécutif du parti, une sorte de gouvernement du Hezbollah, tout en siégeant aussi au Conseil du Jihad, son aile militaire, indique Christophe Ayad, grand reporter au Monde et auteur de 'Géopolitique du Hezbollah'. Il aurait toutes les compétences, la légitimité et les liens avec l’Iran pour succéder à Hassan Nasrallah."


Un avis que partage Michael Young, rédacteur en chef et analyste au sein du centre Carnegie pour le Moyen-Orient. "Les chaînes d’infos arabes rapportent que Naim Qassem pourrait être le secrétaire général temporaire du Hezbollah, jusqu'à ce que des élections soient organisées pour se choisir un successeur, souligne-t-il sur son compte X. Le favori semble être Hachem Safieddine. Parmi les autres personnalités, on trouve Mohammed Yazbek, le représentant au Liban d’Ali Khamenei [le Guide suprême iranien, NDLR], bien que cela soit moins probable."

Héritier officieux
Si la question de la succession de Hassan Nasrallah, considéré comme invulnérable et infaillible par les membres et les sympathisants du Hezbollah, était encore taboue il y a encore quelques jours jusqu’à son assassinat par l’armée israélienne, Hachem Safieddine était reconnu par les experts comme étant son héritier officieux.

Né en 1964 dans la région de Tyr, dans le sud du Liban, il est une figure publique du Hezbollah qui n’hésite pas à apparaître physiquement dans des évènements organisés par le parti dans différentes régions, contrairement à Hassan Nasrallah, qui restait caché en raison des menaces israéliennes. Hachem Safieddine a ainsi développé une certaine proximité avec la base de la formation chiite.

Notamment grâce à son poste de chef du conseil exécutif – équivalent d'un poste de "Premier ministre du Hezbollah", selon L’Orient-le Jour –, qui lui permet de peser sur toutes sortes de décisions liées aux activités sociales, politiques, et économiques du parti pro-iranien.

S’il n’a pas l’expérience de son prédécesseur, ils partagent de nombreux points communs, jusqu’au physique et au timbre de voix. Mais d’aucuns, comme le religieux chiite Mohammad Ali al-Husseini, membre fondateur du Hezbollah, estiment que le successeur potentiel de Hassan Nasrallah est plus agressif et moins pragmatique.

"Si Hassan Nasrallah était un personnage affable et facile à aborder par son entourage, Hachem Safieddine a une personnalité affirmée et opiniâtre, et je dirais même qu’il est assoiffé de sang", a lancé Mohammad Ali al-Husseini, ex-proche devenu opposant notoire de Hassan Nasrallah et de sa ligne iranienne, souvent accusé par les sympathisants du parti chiite "d’être à la solde du Mossad israélien", sur la chaîne saoudienne Al Arabiyya.

Pour illustrer son propos, il explique que Hachem Safieddine n’a eu de cesse de presser Hassan Nasrallah "de frapper Tel-Aviv", et ce, "depuis l’élimination de Saleh al-Arouri", le numéro deux du Hamas assassiné en janvier dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon Mohammad Ali al-Husseini, Hachem Safieddine "va se précipiter pour bombarder Tel-Aviv, l'aéroport Ben Gourion et même le domicile de Benjamin Netanyahu en Israël".

Dans un entretien diffusé en 2020, Hachem Safieddine avait expliqué que seule la manière forte pouvait faire plier le gouvernement israélien et l’État hébreu, à qui il voue une haine viscérale. "Quand l’Israélien [sic] s'aperçoit que tu es faible, il est sans merci, avait-il déclaré. Mais lorsqu’il voit que tu es fort, il se montre prêt à toutes les concessions."

Plus récemment, celui qui a coutume de répéter que "le destin d’Israël est de disparaître", a menacé l’armée israélienne d'une escalade du conflit après l’assassinat d’un des hauts commandants du Hezbollah.

Un lien direct avec le pouvoir iranien
Comme son défunt cousin, Hachem Safieddine est un religieux qui jouit du prestige que lui confère le port du turban noir des descendants du prophète Mahomet. Il a suivi, dans les années 1980, des études religieuses à Qom, ville sainte de l'islam chiite, située au sud-ouest de Téhéran.

À l’instar de Hassan Nasrallah, il est fermement attaché au principe chiite du "wilayat al-faqih", qui affirme la primauté du religieux sur le politique, une doctrine qui explique pourquoi le Hezbollah est soumis à l’autorité du Guide suprême iranien, Ali Khamenei.

C'est d'ailleurs à ce titre que ce dernier aura assurément le dernier mot sur la désignation du secrétaire général du Hezbollah, mouvement créé dans les années 1980 pour combattre l’occupation israélienne au Liban avec le soutien financier, logistique et militaire iranien.

Hachem Safieddine a donc toutes les chances d’accéder au poste qui va faire de lui la nouvelle cible principale de l'armée israélienne. Et renforcer la mainmise de l’Iran sur un parti affaibli et infiltré qui doit se préparer à une possible incursion israélienne dans le Sud Liban.

Car ses liens avec la République islamique et son appareil sécuritaire se sont approfondis au fil des années et depuis la fin de ses études en Iran, au point de devenir familiaux : son fils Reda est marié à Zeinab Soleimani, la fille du général Kassem Soleimani, assassiné en janvier 2020 à Bagdad et considéré comme le bras droit de l'ayatollah Ali Khamenei.

Son propre frère, le très influent Abdallah Safieddine, inscrit comme lui sur la liste des terroristes établie par le département d'État américain en raison de leurs liens avec le pouvoir iranien, est le chef du bureau du Hezbollah à Téhéran.

Pilier de la coordination entre Téhéran et la banlieue sud de Beyrouth, c’est "au chef de la diplomatie du Hezbollah" que les principaux dignitaires iraniens, dont le président Masoud Pezeshkian, sont venus dimanche présenter leurs condoléances, après la mort de Hassan Nasrallah (publication ci-dessous).



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عرض تسلیت شهادت «سیدحسن نصرالله» در دفتر حزب‌الله - تهران

مراسم عرض تسلیت به مناسبت شهادت #سیدحسن_نصرالله در دفتر حزب‌الله لبنان در #تهران با حضور چهره‌ها سیاسی و سفرای کشورهای مقاومت برگزار شد.

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Parlant parfaitement persan, et toujours en costume civil sombre, Abdallah Safieddine n’est pas un religieux. Selon le Trésor américain, il est à l’origine de divers stratagèmes visant à contourner les sanctions visant la République islamique.

Washington le décrit également comme un "chef de cartel", lui qui était l’une des cibles principales de "l’opération Cassandra", une enquête de l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue (DEA), aidée par le Mossad, sur le trafic international de drogue et de blanchiment d’argent du Hezbollah.

"Si vous me posez la question, je vous dirai que ce sont les Safieddine qui dirigent déjà le Hezbollah aujourd’hui : Abdallah depuis Téhéran et Hachem à Beyrouth", lancé sur al-Arabiyya Mohammad Ali al-Husseini.

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