Aminata Mbengue Ndiaye a failli dans l'approvisionnement des moutons

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 25 Septembre 2015 à 16:10 modifié le Vendredi 25 Septembre 2015 16:32

Ce ne sont pas les dakarois, qui ont trimé dur en cette veille de fête de Tabaski, qui diront le contraire. Le mouton s'est fait rare et pour s'en approvisionner, il fallait casquer gros. A défaut, certains se sont contentés de... chèvre pour sacrifier au rituel.


Le moins que l'on puisse dire est que la ministre de l’Elevage et des productions animales, Aminata Mbengue a raté le coche. La dame, qui récemment accordé un entretien à nos confrères de "Sud" assurait et rassurait qu'il y'aurait une quantité suffisante de moutons.

Elle  faisait savoir que le marché sera suffisamment approvisionné en moutons pour la Tabaski. A la date du 16 septembre ainsi, 249601 têtes contre 238. 000 (à la même période de l’année dernière), ont traversé la frontière. Concernant les prix, disait-elle, les plus pratiqués se situent au niveau de la capitale dans la fourchette de 35 000 FCFA à 250 000 FCFA. "Toutefois, il existe aussi des sujets de moindre gabarit à partir de 20 000 FCFA, comme on le constate à MBellacadiao" (Fatick).

A l'arrivée, il n'en est absolument rien. Les prix ont flambé en ce jeudi soir (veille de la fête de Tabaski) et pour cause? Le marché n'était pas bien alimenté.
Des radars de dakarposte, qui ont parcouru dakar et extra muros ont été témoin de fidèles musulmans, suant sang et eau, à la quête de mouton. De la Médina (sur la rue 22,) en passant par HLM, Liberté 5 /6, partout c'était la galère des acheteurs. Qui ont du casquer gros pour acheter un mouton.
Les prix variaient entre  tenez vous bien 150 . 000 cfa à plus d'un million de nos pauvres sous dévalués.

Ci dessous nous reproduisons in extenso les assurances de la ministre de tutelle Aminata Mbengue Ndiaye dans les colonnes de "Sud Quotidien"


Qu’est-ce qu’on peut retenir de l’opération d’approvisionnement en moutons que vous avez entamée depuis plusieurs jours ?

Il faut dire depuis plusieurs mois. Parce que dès après la Tabaski de l’année dernière, on a procédé à l’évaluation de l’opération, en présence des chefs de nos services régionaux, de même que tous les acteurs impliqués dans l’opération Tabaski de l’année passée.
Lors de cette évaluation, on s’était rendu compte que la demande nationale a été largement couverte. Le Sénégal a été très bien approvisionné en moutons. Mieux, on avait même constaté qu’il restait des invendus estimés à 97 000 têtes. Pour éviter donc que les éleveurs se découragent et refusent de revenir l’année prochaine, à cause des efforts énormes qu’ils ont fait pour faire venir toute cette quantité de cheptel en vue de satisfaire la demande nationale, nous avions pris des mesures pour les aider à rentrer chez eux avec leurs moutons. Ceux qui habitaient dans le même patelin, on les mettait ensemble dans un même camion qu’eux-mêmes nous proposaient après avoir négocié le prix du voyage. Nous, on se chargeait seulement de les appuyer en carburant pour leur permettre de repartir. Je pense que ce n’était pas une mauvaise idée parce que la plupart d’entre eux sont revenus, cette année, avec de très belles bêtes.

Quelle est la situation dans les localités visitées ?

A l’heure où je vous parle, nous avons déjà fait le tour de plusieurs régions. On a été jusqu’à Kidira qui est la porte d’entrée de la plupart des moutons qui nous viennent aussi bien du Mali que de la Mauritanie. En plus de ce lieu, d’autres éleveurs préfèrent aussi emprunter le long du fleuve Sénégal, vers Diama, Ndioum, Ourossogui et Saraya. A la date d’aujourd’hui, nous avons déjà recensé un total de 249601 contre 238000 moutons, à la date du 16 septembre, à avoir traversé la frontière. Les 194 000 sont rentrés par le Mali et 54 000 par la porte de Saraya dans le département de Kédougou. On a aussi noté des rentrées au niveau des postes de contrôle de Saint-Louis et Matam.
Nous avions aussi noté qu’il y avait près de 25 000 moutons qui sont partis en réexportation vers la Gambie et la Guinée-Bissau. Là, également, ce sont les rapports de bon voisinage qui font qu’on ne peut interdire aux Gambiens comme aux Bissau-guinéens d’acheter de smoutons ici. Dans la mesure où le président de la République nous encourage d’ailleurs à cela. C’est pourquoi, il y a toujours une réexportation de moutons à partir des zones frontalières avec la Gambie et la Guinée-Bissau.
Pour le crédit de la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (Cncas), on est à un milliard trente-quatre millions (1.34 milliards). Pour le crédit mutuel avec le Fonds d’appui à la stabulation, nous sommes également à 104 000 000 F Cfa. Ce n’est pas beaucoup par rapport à l’ampleur de l’opération, parce que la Tabaski, c’est près de 35 à 40 milliards de francs. C’est quand on prend le mouton à 50 000f et qu’on multiplie par le nombre de têtes immolées chaque année, ça fait des milliards. C’est une période très faste pour les opérateurs qui pourront vendre leurs moutons.

La part de l’importation dans l’approvisionnement du marché intérieur est très importante et rend le Sénégal presque dépendant de l’extérieur. Est-ce que le gouvernement travaille à acquérir les moyens de son indépendance ?

De notre côté, nous nous organisons pour assurer une autosuffisance en moutons. C’est une de nos priorités dans le domaine de l’élevage. Nous nous y attelons. Il y a pas mal de projets qui sont actuellement mis en oeuvre et dont on commence à voir les résultats. Et on espère que dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse), avec le programme d’action prioritaire (le Pap), nous avons quatre projets là dans le domaine de l’élevage, on espère que la réalisation de ces projets permettra l’amélioration de la productivité de notre petit cheptel, des petits ruminants, mais également de nous permettre de résorber le gap que nous avons par rapport à la demande de la Tabaski.
Aujourd’hui, nous avons environ 400 000 têtes qui viennent du marché local et 350 000 qui nous viennent des autres pays. Il a été remarqué aussi que chaque fois qu’il y a un déficit de 100 000 moutons dans les importations, c’est une tension sur le mouton au Sénégal. Vous savez, le Sénégalais est attaché à la Tabaski… Ils ne pardonnent ça à l’autorité parce que, pour eux, c’est l’autorité qui est responsable de cette situation.

Qu’est-ce qui explique le gap par rapport à l’année dernière, à la même période ?

C’est parce qu’il y a l’hivernage. Il y a des troupeaux qui ne sont pas encore rentrés à Dakar, par exemple. Dakar, c’est plus de 250 000, voire 300 000 moutons. Aujourd’hui, on est à environ 108 000 sujets recensés à l’entrée. Si vous prenez Sewhay dans le département de Thiès, vers le croisement de Ngoundiane, les éleveurs sont stationnés là-bas en train de faire paître leurs animaux et ils disent qu’ils ne viendront à Dakar qu’à cinq jours avant la Tabaski. Sur la Vdn (Voie de dégagement nord), on voit aussi des moutons brouter l’herbe. On a fait une tournée il y a de cela deux jours, à Sandiara, Kahon, et à Sewhay mais, c’est à perte de vue que vous voyez des moutons dans les prairies. Les éleveurs attendent l’approche de la fête pour regagner la capitale. Parce qu’ils disent que s’ils viennent maintenant, ils seront obligés d’acheter de l’alimentation pour leurs bêtes au moment où le sac de paille d’arachide s’échange à 6000f. En restant sur place, cela va leur permettre d’économiser l’argent qu’ils devaient dépenser dans l’achat de l’aliment.

On parle de la cherté du mouton ici à Dakar. Qu’en est-il exactement?

Aujourd’hui, à Dakar, il y a des moutons à 40.000F, il y en a même jusqu’à 35.000F. Moi, j’ai fait le tour des marchés, mais vraiment les moutons ne sont pas très chers. Par contre, les gens n’y vont pas, il n’y a pas beaucoup de clients. Ces derniers préfèrent toujours attendre les derniers jours pour aller acheter, surtout que l’année dernière, comme on a parlé de pénurie, les gens ont vite acheté et ils se sont rendus compte qu’ils ont été floués. C’est la raison pour laquelle je pense que la presse doit nous appuyer, en informant juste et vrai.. Mais si on doit ameuter les gens, les apeurer sur la cherté des prix, alors la réalité du marché est toute autre, cela va les pousser à douter. Nous avons fait le tour des marchés de Keur Momar Sarr, de Dahra, Kayar, Kidira, mais les prix sont en tout cas abordables, ça il le faut reconnaître. Ceux qui sont dans les régions doivent également relayer ces informations.

Les facilités qu’offre le gouvernement aux vendeurs de moutons, cela se reflète-t-il sur les prix des ruminants ?

Pour ce qui est des facilités qu’offre le Gouvernement, il serait souhaitable que cela se reflète sur le prix du mouton, mais nous, on ne peut pas savoir, par exemple, ce que le propriétaire ou en tout cas, l’opérateur a dépensé. Je pense que cela se répercute sur les prix.

Quelles sont ces facilités qu’offre le gouvernement ?

Les vendeurs de moutons ne paient pas l’eau, l’électricité, et tout cela ce sont les facilités qu’offre l’Etat. Ils ont des toilettes mobiles et ils ont de l’aliment pour bétail. Par exemple, nous avons sorti près de 800 tonnes d’aliment, que nous répartissons entre les différentes régions, surtout au niveau des zones d’attente. Kahone par exemple, c’est plus de 50.000 moutons qui sont stationnés là-bas, et qui attendent d’être ventilés au niveau des différentes régions. C’est la même chose pour Sewhay, Mbirkilane, Sandiara, c’est pourquoi on les approvisionne en aliment bétail subventionné. Et ensuite, quand c’est vendu, c’est remis dans les caisses pour la pérennisation de l’opération sauvegarde du bétail au niveau de chaque département. Maintenant, le ministère du Commerce encourage tous les provendiers à avoir des stocks d’aliments à vendre, mais au prix réel, au niveau des points de vente. C’est pour avoir une disponibilité alimentaire sur place, pour permettre quand même aux éleveurs de s’occuper d’autre chose plutôt que de faire de longues distances pour aller acheter l’aliment de bétail.

Comment les différents départements ministériels interviennent dans l’opération Tabaski ?

Il y a à ce niveau, une solidarité agissante et c’est quelque chose que je salue. Chaque département est chargé d’exécuter un certain nombre de diligences. L’Hydraulique doit mettre à notre disposition, à travers l’Office des forages ruraux (Ofor), 10 camions citernes qui vont ravitailler journalièrement l’ensemble des points de vente. Parfois, ce sont des baches d’eau qu’installe le ministère à ce niveau. Et partout où nous avons une canalisation de la Sde, pour la distribution de l’eau, on installe une potence. Ce qui veut dire que les vendeurs de moutons ne paient pas l’eau ; c’est nous qui payons ces factures-là à la fin de l’opération, parce que dans notre budget, on a une rubrique réservée à cela. Pour l’électricité, c’est la même chose, c’est nous qui prenons en charge les factures. Il y a aussi des toilettes mobiles qui sont mises à leur disposition, et cette année, avec l’hivernage, on a même, avec la direction de la Protection civile, mis en place une cinquantaine de tentes qui sont réparties au niveau des points de vente pour leur permettre d’avoir où se protéger de la pluie. C’est le ministère du Commerce qui s’occupe des stocks des provendiers au niveau des différents points de vente.
Le ministère de la Santé met aussi à notre disposition beaucoup de préventionnistes au niveau de chaque point de vente, pour les questions de santé qui peuvent se poser, ou même pour la sensibilisation par rapport à l’hygiène et à la propreté. Le ministre a même mis à notre disposition un stock de produits détergents, de savons et autres, pour permettre qu’il y ait une bonne hygiène au niveau des points de vente, en plus d’une bonne sensibilisation du public et des opérateurs. Le ministère de l’Intérieur, aujourd’hui a déployé des agents au niveau de tous les points de vente et il y a aussi des rondes qui sont organisées par les différents commissariats à travers la région de Dakar. Au niveau de toutes les autres régions également, la Gendarmerie, comme la Police, parfois même les Eaux et Forêts et le Service d’hygiène, tout le monde se mobilise pour participer à la sécurisation des points de vente, des zones d’attente et des marchés à bétail.

Il y a des zones comme Sédhiou et Ziguinchor où il y a souvent des problèmes d’approvisionnement. Quelles sont les mesures prises à ce niveau ?

Oui, mais là également, vous savez, avec les informations que nous recevons, à Tambacounda par exemple, nous avons demandé aux éleveurs d’envoyer des moutons sur Sédhiou. Il y a donc une inter- communication régulière avec les différentes régions. Les régions de départ des camions, c’est Tamba, Ourossogui, Linguère, Touba, là on demande aux gens d’intervenir immédiatement. Hier, par exemple, il y a des camions qui sont parties sur Sédhiou, et d’autres sur Ziguinchor, et aujourd’hui il y en aura d’autres encore qui vont y aller. Au fur et à mesure qu’on nous informe qu’il y a un déficit quelque part, on prend des contacts avec des éleveurs ou avec les services régionaux qui conseillent aux éleveurs d’aller dans tel ou tel endroit.

Qu’est-ce que vous pouvez dire aux Sénégalais et surtout aux Dakarois pour les rassurer par rapport à l’approvisionnement en quantité suffisante en moutons et au coût des ruminants ?

En tout cas, pour ce qui est des observations que nous avons actuellement, et qui nous viennent du terrain, les moutons sont en train d’arriver. Si vous voyez, à la date d’aujourd’hui, les différents points de vente sont en train de se remplir. Nous le savons parce qu’à chaque fois que des camions quittent, ils viennent avec des certificats sanitaires, ce qui nous permet d’évaluer le nombre de camions qui arrivent dans la journée. Demain (aujourd’hui, ndrl) par exemple, je pourrai vous dire le nombre de camions qu’on a reçus aujourd’hui, après-demain donc jusqu’au jour J…Nous allons donner toutes les informations à travers la presse, à travers notre numéro vert qui nous permet également de recevoir des appels et d’apporter un certain nombre de réponses. Il faut que les gens soient rassurés : pour le moment, les moutons sont en train d’arriver ; tout le stock n’est pas encore là, la demande est très forte, mais je pense qu’il faut que les gens attendent. Mais ce que nous disent les vendeurs déjà sur place, c’est que les gens ne viennent pas acheter et il y en a qui, lorsqu’ils viennent avec 500 moutons, attendent de voir comment se présente le marché avant de demander qu’on leur en envoie encore d’autres. Je pense aussi que les salaires ne sont pas encore payés, il y a toutes ces questions-là qui sont en train de se poser, mais je pense que les problèmes vont être résolus.
 
Mamadou Ndiaye
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