Svelte, gracile, elle attire l’attention par sa noirceur d’ébène, ses yeux qui pétillent, sa grâce naturelle, son élégance. En cette matinée de mercredi, Amélie Mbaye, la mine radieuse et dans une belle alacrité, multiplie les va-et-vient entre sa chambre et le salon. L’espace respire l’art et les tableaux vous parlent. Telle une candidate à un casting, elle apporte une dernière touche de maquillage à son visage, ajuste sa coiffure, sa tenue assortie de perles nigérianes. Son africanité, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Et elle le revendique en tous lieux et en toutes circonstances. « Avant même de dire que je suis une Sénégalaise, je suis une Africaine. Dans ma mentalité, ma façon de m’habiller, de parler, de vivre, mon comportement de tous les jours, je suis d’abord une Africaine.
Et dans cette mouvance-là, j’aime mettre en avant ma culture sénégalaise et j’aime voyager, aller partout pour montrer ma culture », confesse l’actrice. Puis, elle nous embarque dans un voyage captivant pour nous faire découvrir son parcours, sa trajectoire remplie de passion, de hauts, de bas et d’instants magiques, les clés de son succès. Ceux qui sont nés avant les années 2000 ne se souviendront sans doute pas de « Monia et Rama » de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré. Cette série télévisée, la première cinématographique d’Amélie Mbaye, a véritablement lancé sa carrière. Elle y incarne, aux côtés de Rasmané Ouédraogo, Jeanne d’Arc Yaméogo, Désiré Yaméogo, Aïssey Laty Traoré et Edgar Moné, le personnage d’Aline, une vipère détestée par tout le monde, qui sème la zizanie partout et qui ose crier sur tous les toits ce que les autres disent tout bas. Une première réussie par l’actrice qui a toujours caressé le rêve de passer du petit au grand écran.
Un saut qui n’a pas été très compliqué, parce que, très tôt, elle a flirté avec le petit écran. À la fin des années 80, l’Orts devenue la Rts, organisait un casting pour changer le visage de ses téléspeakerines. Amélie Mbaye qui n’a jamais eu peur de l’œil de la caméra, s’était alors présentée. Coup de chance, elle a décroché, avec Marème Samba, le jackpot sur 800 candidates. Le critère essentiel, c’était d’avoir la bonne diction et un teint noir, se souvient-elle. C’était donc parti pour une belle carrière, aidée par Reine Marie Faye. « Je travaillais à Air Sénégal et à la descente, je fonçais à l’Orts où j’avais mes trois présentations quotidiennes. J’adorais faire ce job. De 1987 à 1994, j’ai été téléspeakerine, puis animatrice. J’ai essayé de créer ma petite émission parce que je me disais qu’à travers ce petit écran-là, je visais le grand écran », renseigne-t-elle. Et puis un jour, le cinéma a surgi dans sa vie. Comme une évidence.
L’art dans les veines
Passer derrière, la caméra ne donne pas toujours des résultats probants. Mais quand on regarde Amélie Mbaye dans ses œuvres, on croirait qu’elle est née artiste, tellement elle excelle dans l’art de transcender les personnages et plonger dans des rôles profonds et complexes. Chacune de ses performances révèle une facette authentique de son talent d’actrice. Normal, quand on est issu d’une famille d’artistes. Son grand-père maternel, Bécaye Fall, vétérinaire de profession, était saxophoniste et excellait dans la photographie. « Il a transmis sa passion à ses fils, mes oncles, les frères de ma mère, qui ont, eux aussi, développé l’art de la photographie », ressasse-t-elle. Son père, Ousmane Mbaye, un musicien de grande renommée, faisait partie des premiers Africains à avoir exporté la musique africaine jusqu’aux États-Unis. « Mon père a fait la radio et la télévision. On l’appelait à l’époque le rossignol africain parce qu’il avait une voix de rossignol et ma mère était une ancienne institutrice. Cela explique tout. J’ai grandi dans le milieu de l’art et j’ai inculqué cela à mon fils qui évolue lui aussi dans l’art, la musique », indique Amélie Mbaye qui est aussi chanteuse et maîtresse de cérémonie à ses heures perdues.
Elle a puisé dans cet héritage artistique pour se forger une identité. Après son expérience à la télévision, Amélie Mbaye s’est rendue aux États-Unis, précisément à Los Angeles. C’était pour des raisons familiales. Mais il fallait bien qu’elle travaille. Diplômée de l’École internationale de Tunon en Normandie (France), où elle a fait des études de langues étrangères et de tourisme, Amélie Mbaye qui parle le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais et le wolof, n’avait pas le choix.
« Comme je parlais cinq langues étrangères et que ma formation, à la base, c’est l’aéronautique et le tourisme, je me suis dirigée vers l’aérien », renseigne-t-elle. Elle est donc repartie dans son monde. De personnel navigant commercial, elle a changé de cap pour travailler pour une compagnie aérienne au sol, sans pour autant mettre une croix sur sa passion. « Je me suis toujours dit qu’il y a l’art, mais aussi le boulot d’abord parce que les dettes, les factures et autres, ça n’attend pas. Naturellement, j’ai fait des castings et autres », souligne-t-elle. À Los Angeles, Amélie Mbaye a trouvé un terreau fertile pour exprimer son talent. Elle a décroché un rôle dans « Tears of the sun » (Les larmes du soleil) avec Bruce Willis.
« Frontières », « Golden »… , le déclic
« C’était ma première grande production Revolution Studios. Le film a été tourné à Hawaï », rappelle-t-elle. Elle a ensuite joué dans « Something about her », un film réalisé par Carl Colpaert tourné à Los Angeles et à Malibu. Amélie a aussi participé à des films documentaires, des courts-métrages et publicités. « J’ai toujours fait mes activités cinématographiques parallèlement à mon travail. Je m’organisais et profitais de mes vacances, mes congés pour exercer mes fonctions artistiques, tourner des films », fait-elle savoir. Voulant réussir une brillante carrière dans l’univers complexe du cinéma, elle a fait une formation à Los Angeles. Lors de la Covid-19 également.
« Il fallait bien étudier pour pouvoir se préparer avant que les frontières ne rouvrent. Et là, je continue encore. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je replonge dans la formation parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre », précise Amélie Mbaye. Près des quinze ans après la série « Monia et Rama », Amélie Mbaye retrouve la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré qui lui propose le rôle principal dans « Frontières ».
Ce drame raconte la vie des commerçantes africaines confrontées aux tracasseries douanières, à la corruption et au non-respect de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Sans sourciller, elle saute sur l’occasion. Dans ce long-métrage, l’actrice sénégalaise y interprète le rôle d’Adjara ; une femme qui n’a jamais voyagé, aux côtés de trois autres femmes de nationalité burkinabè, ivoirienne et malienne. Ce film, tourné dans six pays différents (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Bénin, Nigeria et Côte d’Ivoire), a remporté plusieurs prix. Il l’a projetée au premier plan et c’est à partir de ce moment qu’elle a pris la décision de se consacrer pleinement à sa carrière d’actrice et d’aller jusqu’au bout de ses rêves. Après « Frontières », Amélie Mbaye ne s’est donc pas arrêtée en si bon chemin. Son challenge, c’était de s’imposer chez elle, au Sénégal.
« C’est bien beau d’être connue à l’extérieur, mais c’est encore mieux de l’être chez soi, dans son propre pays », estime-t-elle. Et sa première vraie expérience a été « Golden », qui relate l’histoire de la famille Gaye qui lutte pour redresser son entreprise d’exploitation d’or au bord de la faillite. «J’ai adoré « Golden ». Dès que Mass Ndour de Marodi m’a rencontrée au Fespaco et m’a proposé le script du film, tout de suite, j’ai dit que c’était « Empire » à l’africaine ; donc c’est moi qui vais être Cookie Lyon. Je me suis vue là-dedans et je lui ai tout de suite donné ma réponse », révèle-t-elle. Puis, Amélie a reçu le scénario et a plongé dedans. Son seul challenge, c’était le wolof.
« J’avais l’habitude de tourner en français et en anglais. C’était donc la première fois que je jouais en wolof. J’ai dû donc m’adapter et faire face à toutes les difficultés ». Amélie Mbaye a incarné avec brio le personnage de Madjiguène Gaye alias « Mage » ; mère influente et protectrice aux côtés de son mari, Alioune Badara Guèye alias « Abg », prête à tout pour préserver l’unité familiale. Cette performance lui a d’ailleurs valu un Sotigui d’honneur et une reconnaissance au Sénégal.
Le Soleil
Et dans cette mouvance-là, j’aime mettre en avant ma culture sénégalaise et j’aime voyager, aller partout pour montrer ma culture », confesse l’actrice. Puis, elle nous embarque dans un voyage captivant pour nous faire découvrir son parcours, sa trajectoire remplie de passion, de hauts, de bas et d’instants magiques, les clés de son succès. Ceux qui sont nés avant les années 2000 ne se souviendront sans doute pas de « Monia et Rama » de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré. Cette série télévisée, la première cinématographique d’Amélie Mbaye, a véritablement lancé sa carrière. Elle y incarne, aux côtés de Rasmané Ouédraogo, Jeanne d’Arc Yaméogo, Désiré Yaméogo, Aïssey Laty Traoré et Edgar Moné, le personnage d’Aline, une vipère détestée par tout le monde, qui sème la zizanie partout et qui ose crier sur tous les toits ce que les autres disent tout bas. Une première réussie par l’actrice qui a toujours caressé le rêve de passer du petit au grand écran.
Un saut qui n’a pas été très compliqué, parce que, très tôt, elle a flirté avec le petit écran. À la fin des années 80, l’Orts devenue la Rts, organisait un casting pour changer le visage de ses téléspeakerines. Amélie Mbaye qui n’a jamais eu peur de l’œil de la caméra, s’était alors présentée. Coup de chance, elle a décroché, avec Marème Samba, le jackpot sur 800 candidates. Le critère essentiel, c’était d’avoir la bonne diction et un teint noir, se souvient-elle. C’était donc parti pour une belle carrière, aidée par Reine Marie Faye. « Je travaillais à Air Sénégal et à la descente, je fonçais à l’Orts où j’avais mes trois présentations quotidiennes. J’adorais faire ce job. De 1987 à 1994, j’ai été téléspeakerine, puis animatrice. J’ai essayé de créer ma petite émission parce que je me disais qu’à travers ce petit écran-là, je visais le grand écran », renseigne-t-elle. Et puis un jour, le cinéma a surgi dans sa vie. Comme une évidence.
L’art dans les veines
Passer derrière, la caméra ne donne pas toujours des résultats probants. Mais quand on regarde Amélie Mbaye dans ses œuvres, on croirait qu’elle est née artiste, tellement elle excelle dans l’art de transcender les personnages et plonger dans des rôles profonds et complexes. Chacune de ses performances révèle une facette authentique de son talent d’actrice. Normal, quand on est issu d’une famille d’artistes. Son grand-père maternel, Bécaye Fall, vétérinaire de profession, était saxophoniste et excellait dans la photographie. « Il a transmis sa passion à ses fils, mes oncles, les frères de ma mère, qui ont, eux aussi, développé l’art de la photographie », ressasse-t-elle. Son père, Ousmane Mbaye, un musicien de grande renommée, faisait partie des premiers Africains à avoir exporté la musique africaine jusqu’aux États-Unis. « Mon père a fait la radio et la télévision. On l’appelait à l’époque le rossignol africain parce qu’il avait une voix de rossignol et ma mère était une ancienne institutrice. Cela explique tout. J’ai grandi dans le milieu de l’art et j’ai inculqué cela à mon fils qui évolue lui aussi dans l’art, la musique », indique Amélie Mbaye qui est aussi chanteuse et maîtresse de cérémonie à ses heures perdues.
Elle a puisé dans cet héritage artistique pour se forger une identité. Après son expérience à la télévision, Amélie Mbaye s’est rendue aux États-Unis, précisément à Los Angeles. C’était pour des raisons familiales. Mais il fallait bien qu’elle travaille. Diplômée de l’École internationale de Tunon en Normandie (France), où elle a fait des études de langues étrangères et de tourisme, Amélie Mbaye qui parle le français, l’anglais, l’espagnol, le portugais et le wolof, n’avait pas le choix.
« Comme je parlais cinq langues étrangères et que ma formation, à la base, c’est l’aéronautique et le tourisme, je me suis dirigée vers l’aérien », renseigne-t-elle. Elle est donc repartie dans son monde. De personnel navigant commercial, elle a changé de cap pour travailler pour une compagnie aérienne au sol, sans pour autant mettre une croix sur sa passion. « Je me suis toujours dit qu’il y a l’art, mais aussi le boulot d’abord parce que les dettes, les factures et autres, ça n’attend pas. Naturellement, j’ai fait des castings et autres », souligne-t-elle. À Los Angeles, Amélie Mbaye a trouvé un terreau fertile pour exprimer son talent. Elle a décroché un rôle dans « Tears of the sun » (Les larmes du soleil) avec Bruce Willis.
« Frontières », « Golden »… , le déclic
« C’était ma première grande production Revolution Studios. Le film a été tourné à Hawaï », rappelle-t-elle. Elle a ensuite joué dans « Something about her », un film réalisé par Carl Colpaert tourné à Los Angeles et à Malibu. Amélie a aussi participé à des films documentaires, des courts-métrages et publicités. « J’ai toujours fait mes activités cinématographiques parallèlement à mon travail. Je m’organisais et profitais de mes vacances, mes congés pour exercer mes fonctions artistiques, tourner des films », fait-elle savoir. Voulant réussir une brillante carrière dans l’univers complexe du cinéma, elle a fait une formation à Los Angeles. Lors de la Covid-19 également.
« Il fallait bien étudier pour pouvoir se préparer avant que les frontières ne rouvrent. Et là, je continue encore. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je replonge dans la formation parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre », précise Amélie Mbaye. Près des quinze ans après la série « Monia et Rama », Amélie Mbaye retrouve la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré qui lui propose le rôle principal dans « Frontières ».
Ce drame raconte la vie des commerçantes africaines confrontées aux tracasseries douanières, à la corruption et au non-respect de la libre circulation des personnes et des biens au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Sans sourciller, elle saute sur l’occasion. Dans ce long-métrage, l’actrice sénégalaise y interprète le rôle d’Adjara ; une femme qui n’a jamais voyagé, aux côtés de trois autres femmes de nationalité burkinabè, ivoirienne et malienne. Ce film, tourné dans six pays différents (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Bénin, Nigeria et Côte d’Ivoire), a remporté plusieurs prix. Il l’a projetée au premier plan et c’est à partir de ce moment qu’elle a pris la décision de se consacrer pleinement à sa carrière d’actrice et d’aller jusqu’au bout de ses rêves. Après « Frontières », Amélie Mbaye ne s’est donc pas arrêtée en si bon chemin. Son challenge, c’était de s’imposer chez elle, au Sénégal.
« C’est bien beau d’être connue à l’extérieur, mais c’est encore mieux de l’être chez soi, dans son propre pays », estime-t-elle. Et sa première vraie expérience a été « Golden », qui relate l’histoire de la famille Gaye qui lutte pour redresser son entreprise d’exploitation d’or au bord de la faillite. «J’ai adoré « Golden ». Dès que Mass Ndour de Marodi m’a rencontrée au Fespaco et m’a proposé le script du film, tout de suite, j’ai dit que c’était « Empire » à l’africaine ; donc c’est moi qui vais être Cookie Lyon. Je me suis vue là-dedans et je lui ai tout de suite donné ma réponse », révèle-t-elle. Puis, Amélie a reçu le scénario et a plongé dedans. Son seul challenge, c’était le wolof.
« J’avais l’habitude de tourner en français et en anglais. C’était donc la première fois que je jouais en wolof. J’ai dû donc m’adapter et faire face à toutes les difficultés ». Amélie Mbaye a incarné avec brio le personnage de Madjiguène Gaye alias « Mage » ; mère influente et protectrice aux côtés de son mari, Alioune Badara Guèye alias « Abg », prête à tout pour préserver l’unité familiale. Cette performance lui a d’ailleurs valu un Sotigui d’honneur et une reconnaissance au Sénégal.
Le Soleil