Le directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine est d’avis qu’il « faut absolument donner de la substance à l’appel au dialogue du Khalife général des mourides qui est aujourd’hui un impératif catégorique ».
«Plus qu’un dialogue il faut une concertation sur les Assises nationales, leur relecture et réadaptation de manière à bâtir un consensus solide et dans la durée sur les noyaux durs de la République, de la démocratie et des droits fondamentaux du citoyens », écrit-il sur sa page facebook.
Ajoutant qu’il faut sortir « de l’Etat de droit minimal, de la démocratie minimale et du statut minimal des droits de l’homme et des libertés ».
L’ancien secrétaire général de la Raddho et président du M23 livre une au passage un diagnostique sans complaisance de la situation politique actuelle du Sénégal. « Aujourd’hui, souligne-t-il, force est de reconnaître la déliquescence et la décomposition d’un système politique à bout de souffle qui est dans une situation d’entropie, de perte de sens, de morale politique et de valeurs ».
Et de poursuivre en relevant qu’on assiste de plus en plus avec effarement au règne du cynisme politique avec des tentatives de privatisation de la politique, de l’Etat, des institutions et des ressources au profit exclusif d’un clan, d’une coalition de partis politiques.
Bien plus, déplore Alioune Tine « mais nous assistons à la disparition de cadres et d’institutions qui assurent et garantissent l’intérêt général des citoyens. Tous ces organes de régulation sont partisans parce qu’on estime que parce que personne n’est neutre la coalition au pouvoir est censée plus impartiale ».
« Le citoyen n’a plus l’impression d’être au centre des préoccupations du développement économique, écologique et social.
Cette situation n’est pas nouvelle, c’est un système hérité de la situation politique liée à la liquidation politique de Mamadou Dia et de la naissance d’un Présidentialisme monarchique exacerbé dont la nature et la forme juridique, politique et institutionnelle n’a pas pris une ride en dépit des alternances connues dans ce pays, rappelle M. Tine.
En guise de proposition pour sortir de la crise actuelle du politique, Alioune Tine suggère « la réforme de la fonction présidentielle » qui à ses yeux est « la première crise politique sur le continent ».
La deuxième crise qui crève les yeux, d’après lui toujours, c’est le parti politique, sa fonction, son rôle, sa vision, son système de représentation et de valeurs, tout pose problème aujourd’hui.
En conclusion, il invite Macky Sall à faire preuve d’audace pour réinventer la démocratie du 21ème siècle avec ses concitoyens. « C’est la meilleure façon pour lui d’imprimer sa marque dans l’histoire, c’est ça sa mission et la mission de sa génération, c’est ça aussi plus que tout réalisme politique ».
Le ministre de l’Intérieur a appelé à une concertation avec les partis politiques le 21 novembre prochain. Quant à l’opposition, elle n’a pas encore donné son accord pour participer à ces discussions sur le bilan des élections législatives du 30 juillet et la préparation de l’élection présidentielle de 2019.