Scandale au Sénégal ! Les fondements de la société semblent secoués par un tremblement de terre. Sur les réseaux sociaux, les internautes s’indignent sur ce que l’on nomme déjà communément « L’affaire Waly Seck ». Quel crime horrible a donc commis celui qui se baptise lui-même « l’authentique El Fenomeno » ? Nulle affaire de meurtre ni d’abus sexuel, mais un délit de port de sac. S’agirait-il d’un sac farci de drogue ou de petites coupures transportées pour le compte d’un ponte corrompu ? Que nenni. Le contenu du sac arboré par le créateur de la danse « koba yi » est moins en cause que la besace elle-même : un sac féminin…
« L’affaire » serait-elle celle d’une simple faute de goût, d’un attentat inconscient à la mode ? Non plus. Même déconcertant dans ses choix vestimentaires, le très branché Pharrell Williams – auteur américain du fameux « Happy » – aurait déjà converti l’influent rappeur Kanye West à la tendance. Mais, à Dakar, ça ne passe pas, comme en témoignent les tombereaux de messages scandalisés qui se déversent sur la Toile. Un internaute vient ainsi de réagir : « Monsieur Seck Waly, que laisserez-vous à la postérité ? Des sacs à main pour femme aux hommes ? ». L’anonyme outré prophétise aussi que Waly Seck, selon lui, ne devrait pas manquer d’enfiler bientôt une minijupe. Et sa lettre ouverte d’invoquer à la rescousse le fondateur de la confrérie des Mourides, Cheikh Ahmadou Bamba, face à la tendance supposée de Waly Seck à « mettre en avant des homosexuels, leur homosexualité et leurs accessoires ». Le mot est lâché : « homosexualité »…
La théorie du complot maçonnique resurgit…
« L’affaire Waly Seck » serait-elle donc un débat banal entre un monde artistique réceptacle des sensibilités gays et une frange traditionaliste de la société sénégalaise ? Non plus. Le week-end dernier, en vidant son… sac sur les ondes de la radio Zik Fm, Waly Seck affirmait « détester les pratiques » homosexuelles, lui qui aurait « converti trois personnes à la religion musulmane ». Face à lui dans cette campagne qu’il qualifie de « harcèlement contre sa personne », l’artiste se heurte à un confrère très virulent : Abdou Karim Guèye du groupe Xrum Xax. Le hip hop n’a jamais été particulièrement homo-tolérant, mais ce rappeur-là considère tout bonnement que « tous les hommes qui portent des sacs à main sont des homosexuels ». Comme pour enfoncer le clou d’une rhétorique éclatante de finesse intellectuelle, il ajoute que les Américains créateurs de la mode des sacs masculo-féminins sont motivés par leur appartenance à la… franc-maçonnerie.
En 2013, à Dakar, en faisant un parallèle hasardeux entre la peine de mort –appliquée au États-Unis – et la condamnation de l’homosexualité par la société sénégalaise, Macky Sall l’avait fait comprendre à Barack Obama : au Sénégal, non seulement la liberté en matière d’orientation sexuelle n’est pas à l’ordre du jour, mais elle n’est tout simplement pas un sujet de débat tolérable.