De quoi accuse-t-on Thione Seck ?
Thione Seck est soupçonné d’avoir en sa possession des faux billets. Selon maître Ousmane Seye, qui se présente comme le coordinateur de ses avocats, les chefs d’inculpation à ce stade sont les suivants : « détention de signes monétaires falsifiés, tentative d'escroquerie, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent ». Il a été placé sous mandat de dépôt le 2 juin dernier. Il faut préciser qu’un Malien, Alaye Djiteye, a été arrêté en même temps que lui. Cet homme est inculpé pour « escroquerie et association de malfaiteurs », comme Thione Seck, mais en plus de « fabrication et altération de faux billets ». Selon des procès-verbaux de l'enquête préliminaire publiés par le journal sénégalais Le Quotidien, le chanteur a affirmé aux enquêteurs ne pas connaître Alaye Djiteye, mais les répertoires téléphoniques attestent du contraire. Lors de son interrogatoire, Alaye Djiteye a reconnu qu'il scannait des billets - il dupait les gens « pour pouvoir manger », a-t il déclaré. Et les gendarmes ont découvert chez lui du matériel destiné à la contrefaçon de billets.
Qu’encourt le chanteur d’un point de vue judiciaire ?
Selon maître Ousmane Seye, le chanteur ne risque pas une peine de travaux forcés à perpétuité parce qu’il n’est pas inculpé de fabrication de faux billets. Pour détention de faux billet, il risque de six mois à un an de prison. Quant aux autres chefs d’inculpation, cela peut aller jusqu’à cinq ans de détention, selon l’avocat qui estime que, dans tous les cas, ce sont des chefs d’inculpation « fourre-tout » qui n’ont aucun rapport avec les faits et qui pourraient être requalifiés. Il reste, en effet, beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire. Des sources anonymes proches de l’enquête, citées par la presse sénégalaise, ont évoqué des sommes faramineuses allant jusqu’à 50 millions d’euros : des faux billets qui auraient été retrouvés au domicile de la star, dans son salon, dans une sacoche noire. Mais à en croire le procès-verbal de perquisition que RFI a pu consulter, les sommes en jeu seraient beaucoup moins importantes : les enquêteurs auraient notamment trouvé 27 millions de francs CFA, des vrais billets et « un paquet de papier vert estimé à 1 million d’euros, suivant la déclaration du mis en cause ». Alors, s’agit-il d’un papier spécial servant à fabriquer des faux billets ou de simple papier vert ? Et pourquoi parle-t-on de faux billets retrouvés chez Thione Seck alors que dans l’inventaire des pièces à conviction, il n’est pas fait état de fausses coupures retrouvées à son domicile, contrairement à ce qui a été retrouvé chez son complice présumé ? Comment peut-on attribuer à du papier vert la valeur de 1 million d’euros ? Enfin, comment un simple sac pourrait-il contenir 50 millions d’euros, autrement dit 500 000 billets de 100 euros ?
Quelle est la ligne de défense de Thione Seck ?
Pour les avocats, le chanteur a été victime d’une escroquerie : on lui a fait miroiter qu’il allait toucher 50 millions d’euros pour une série de concerts en Europe - un montant qui semble d’ailleurs exorbitant. On lui a remis un sac en lui faisant croire qu’il y avait des millions en guise d’« avance ». Il devait signer le contrat dans les jours qui suivaient. Ensuite, l’un des suspects, un Gambien, Joachim Cissé, lui a demandé un prêt pour régler des dépenses urgentes : 85 millions de francs CFA - près de 130 000 euros. Le chanteur a donné l’argent, pensant avoir, comme garantie, l’argent qui venait de lui être remis. Il se serait exécuté comme sous l’effet d’un maraboutage, aurait-il déclaré. Le hic, c’est que les liasses étaient certes recouvertes de vrais billets, mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’en dessous, c’était du simple papier, de couleur verte, et il aurait, selon ses avocats, découvert le pot aux roses en même temps que les gendarmes. Selon ses avocats, Thione Seck a porté plainte la semaine dernière contre cet homme qui est actuellement en fuite. Quant au Malien, du matériel a été découvert chez lui, des imprimantes, des scanners, de l’encre ainsi que ce fameux papier vert. Il aurait reconnu qu’il fabriquait des faux billets. Le rôle du juge d’instruction sera maintenant d’élucider toute cette histoire : est-ce une vraie affaire de fausse monnaie ou une plus banale escroquerie à la Nigériane dont Thione Seck aurait été l’une des victimes ou dont il serait l'un des acteurs ? Mais l'affaire n'a pas encore révélé tous ses secrets.
rfi
Par Carine Frenk
Thione Seck est soupçonné d’avoir en sa possession des faux billets. Selon maître Ousmane Seye, qui se présente comme le coordinateur de ses avocats, les chefs d’inculpation à ce stade sont les suivants : « détention de signes monétaires falsifiés, tentative d'escroquerie, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent ». Il a été placé sous mandat de dépôt le 2 juin dernier. Il faut préciser qu’un Malien, Alaye Djiteye, a été arrêté en même temps que lui. Cet homme est inculpé pour « escroquerie et association de malfaiteurs », comme Thione Seck, mais en plus de « fabrication et altération de faux billets ». Selon des procès-verbaux de l'enquête préliminaire publiés par le journal sénégalais Le Quotidien, le chanteur a affirmé aux enquêteurs ne pas connaître Alaye Djiteye, mais les répertoires téléphoniques attestent du contraire. Lors de son interrogatoire, Alaye Djiteye a reconnu qu'il scannait des billets - il dupait les gens « pour pouvoir manger », a-t il déclaré. Et les gendarmes ont découvert chez lui du matériel destiné à la contrefaçon de billets.
Qu’encourt le chanteur d’un point de vue judiciaire ?
Selon maître Ousmane Seye, le chanteur ne risque pas une peine de travaux forcés à perpétuité parce qu’il n’est pas inculpé de fabrication de faux billets. Pour détention de faux billet, il risque de six mois à un an de prison. Quant aux autres chefs d’inculpation, cela peut aller jusqu’à cinq ans de détention, selon l’avocat qui estime que, dans tous les cas, ce sont des chefs d’inculpation « fourre-tout » qui n’ont aucun rapport avec les faits et qui pourraient être requalifiés. Il reste, en effet, beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire. Des sources anonymes proches de l’enquête, citées par la presse sénégalaise, ont évoqué des sommes faramineuses allant jusqu’à 50 millions d’euros : des faux billets qui auraient été retrouvés au domicile de la star, dans son salon, dans une sacoche noire. Mais à en croire le procès-verbal de perquisition que RFI a pu consulter, les sommes en jeu seraient beaucoup moins importantes : les enquêteurs auraient notamment trouvé 27 millions de francs CFA, des vrais billets et « un paquet de papier vert estimé à 1 million d’euros, suivant la déclaration du mis en cause ». Alors, s’agit-il d’un papier spécial servant à fabriquer des faux billets ou de simple papier vert ? Et pourquoi parle-t-on de faux billets retrouvés chez Thione Seck alors que dans l’inventaire des pièces à conviction, il n’est pas fait état de fausses coupures retrouvées à son domicile, contrairement à ce qui a été retrouvé chez son complice présumé ? Comment peut-on attribuer à du papier vert la valeur de 1 million d’euros ? Enfin, comment un simple sac pourrait-il contenir 50 millions d’euros, autrement dit 500 000 billets de 100 euros ?
Quelle est la ligne de défense de Thione Seck ?
Pour les avocats, le chanteur a été victime d’une escroquerie : on lui a fait miroiter qu’il allait toucher 50 millions d’euros pour une série de concerts en Europe - un montant qui semble d’ailleurs exorbitant. On lui a remis un sac en lui faisant croire qu’il y avait des millions en guise d’« avance ». Il devait signer le contrat dans les jours qui suivaient. Ensuite, l’un des suspects, un Gambien, Joachim Cissé, lui a demandé un prêt pour régler des dépenses urgentes : 85 millions de francs CFA - près de 130 000 euros. Le chanteur a donné l’argent, pensant avoir, comme garantie, l’argent qui venait de lui être remis. Il se serait exécuté comme sous l’effet d’un maraboutage, aurait-il déclaré. Le hic, c’est que les liasses étaient certes recouvertes de vrais billets, mais ce qu’il ne savait pas, c’est qu’en dessous, c’était du simple papier, de couleur verte, et il aurait, selon ses avocats, découvert le pot aux roses en même temps que les gendarmes. Selon ses avocats, Thione Seck a porté plainte la semaine dernière contre cet homme qui est actuellement en fuite. Quant au Malien, du matériel a été découvert chez lui, des imprimantes, des scanners, de l’encre ainsi que ce fameux papier vert. Il aurait reconnu qu’il fabriquait des faux billets. Le rôle du juge d’instruction sera maintenant d’élucider toute cette histoire : est-ce une vraie affaire de fausse monnaie ou une plus banale escroquerie à la Nigériane dont Thione Seck aurait été l’une des victimes ou dont il serait l'un des acteurs ? Mais l'affaire n'a pas encore révélé tous ses secrets.
rfi
Par Carine Frenk