Affaire Lamine Diack/ Lecture critique de quelques silences coupables

Rédigé par Dakarposte le Mardi 22 Décembre 2015 à 22:23 modifié le Vendredi 25 Décembre 2015 14:23

L’affaire Lamine Diack, qui n’en finit pas de faire des vagues, cache des marées hautes et des marées basses qui, une fois qu’elles se seront définitivement dévoilées, pourraient aboutir à l’implosion de notre cohésion sociale et politique trop fragile par ces temps qui courent. Le mutisme assourdissant de quelques personnalités notables citées nommément ou à la cantonade figure en bonne place dans le dispositif de cette bombe à retardement.



Un malheur n’arrive jamais seul. L’inventeur de cette maxime plusieurs fois millénaire pourrait parfaitement s’appuyer sur les étonnants développements du scandale de corruption passive mettant en cause notre octogénaire de compatriote Lamine Diack pour renouveler sa pertinence. 

Notre peuple s’efforçait de revenir de son choc après avoir été mis devant l’évidence de la culpabilité de l’intéressé lorsqu’un autre coup de massue est venu le remettre à terre. En effet, nombre de personnalités appartenant à des sphères différentes ont été citées, nommément ou allusivement, par l’ancien président de l’IAAF comme ayant bénéficié du rondelet montant qui a permis à la Russie de le faire agir de manière frauduleuse au profit de quelques-uns de ses athlètes.
Dans cette fameuse liste publiée par Pressafrik, qui a fini de faire du bruit, figurerait en bonne place de gros pontes de la politique sénégalaise, de la société civile, des activistes et autres gros prêcheurs de la bonne parole, des valeurs et principes.

Toujours selon nos confrères, l’ancien président de IAAF, Lamine Diack a arrosé des Assises nationales à la présidentielle en passant par les locales. Une icône de la musique sénégalaise et un grand homme politique potentiel candidat à la prochaine présidentielle étaient les principaux porteurs de valises. PressAfrik qui détient l'exclusivité de cette information est à mesure de donner des sommes et des noms de grosses personnalités politiques et de la société civile qui se veulent chantre de la démocratie, des valeurs et principes de bonne gouvernance.


Cela dit,  l'actuel maire de Dakar (dont le nom revient sans cesse dans les discussions  concernant  cet esclandre) gagnerait à édifier le commun des Sénégalais au même titre que tous ceux qui ont été cité à tord ou à raison dans cette affaire.

 Khalifa Sall lui-même, l’actuel maire de Dakar, dont on sait au moins qu’il présente de bonnes dispositions en matière d’éthique et de transparence, aurait bénéficié du partage de ce pactole . C'est du moins les échos qui se chuchotent. Et, ceux qui le colportent étayent leur "conviction" par son silence.

Quoi qu'il en soit, ce qui paraît particulièrement étonnant, c’est le mutisme que ces différentes personnalités éclaboussées continuent d’afficher à l’heure où les échos du scandale connaissent une résonance planétaire et où leurs noms prennent une place de plus en plus inconfortable dans son développement.
Dans l’état actuel des choses, il est tout à fait pertinent de se demander pourquoi notre Président bien adoré s’emmure encore dans un silence total par rapport à cette affaire ; étant entendu qu’il faisait partie des têtes de proue de l’opposition de Wade en 2012 ; opposition pour laquelle le président Diack avoue avoir accepté la forfaiture qui l’accable aujourd’hui. 
Comme argument pour démolir la pertinence d’une telle éventualité, certains de ses partisans zélés (nous parlons de Macky) s’empresseront de nous rétorquer que le 4e président de la République du Sénégal est et demeure un homme d’une patience héroïque et qui, en chaque circonstance, se fait un point d’honneur de remuer mille fois la langue avant de parler. Nous convenons tous que c’est là une bien sage attitude ; mais la situation actuelle est assez grave pour qu’il puisse se permettre de retarder ou de différer son intervention.
En lieu et place de prendre les attaches de lieutenants à l'image de Mme Touré Mimi, la meilleure manière c’est plutôt de prendre officiellement la parole pour dire aux Sénégalais qui l’ont élu cette phrase rassurante : " Pour ma campagne, je n’ai nullement bénéficié de l’assistance financière de M. Lamine Diack".  
C’est exactement la même diligence réactive que tout le Sénégal attend aussi du sieur Youssou Ndour. Lui qui est si prompt à seriner sur les exigences de l’Ethique et de la Morale, ne devrait-il pas, ne serait-ce que par devoir de logique avec lui-même, s’empresser de solliciter les services de sa radio, de son journal et de sa télé pour « rendre propre sa peau » (sic) ? 
Il y a d’autres dont le silence nous inquiète forcément. C’est ceux du mouvement « Y en a marre » entre autres personnes cités dans cette affaire. La tonitruante bande à Fadel Barro ne s’est jamais, en des situations pareilles, fait prier de monter au podium pour vociférer une troublante leçon d’instruction civique. Et bien, aujourd’hui qu’un « coupable » digne de foi les présente comme des bénéficiaires de son obscure largesse, ils ne devraient guère attendre qu’on leur demande de s’inviter dans le débat pour se blanchir. 
Enfin, le commun des Sénégalais s'attend à ce que certains  brillants journalistes -particulièrement ceux calfeutré aujourd’hui dans les lambris dorés du régime- prenne la parole pour commenter, ou livrer leur part de vérité sur cet esclandre.
Chers amis, vous tous qui êtes directement ou indirectement éclaboussés par l’affaire Diack, le Sénégal entier a les yeux braqués sur vous et guette impatiemment le moindre mouvement de vos lèvres ! 


Edou
Mamadou Ndiaye
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