Le transfert de l’aéroport de Dakar vers Diass devrait rendre Eiffage heureux. Avec deux millions de passagers en moyenne par an,
la société gestionnaire de l’autoroute à péage peut s’attendre à une hausse entre 6 et 10 milliards sur son chiffre d’affaires annuel,
selon une étude menée par l’agence Emedias pour le quotidien Le Soir. Le tarif moyen pour un passage aller-retour pour l’aéroport entre Dakar et Diass est de 6000 francs CFA. Si on ajoute, le personnel, les accompagnants et le transport public vers l’aéroport des personnes qui travaillent chaque jour au niveau de la plateforme aéroportuaire, c’est pas moins de 3 millions de nouveaux déplacements par année et Eiffage pourrait gagner 18 milliards supplémentaires par an.
Au total, Eiffage pourrait gagner au moins 24 milliardssupplémentaires, voir 30 milliards dèsla première année de transfert de l’aéroport. Pour lesspécialistes du secteur interrogé par le quotidien Le Soir, ce n’est que justice. «Le modèle économique du péage avait été calqué sur l’ouverture de l’aéroport de Diass, il est normal que le chiffre d’affaires de Eiffage explose ».
Ce gain supplémentaire de 24 à 30 milliards rapportés sur les 21 ans qui reste dans la concession de Eiffage qui s’achève en 2039 représente entre 576 et 630 milliards au moins. Il peut facilement atteindre 1000 milliards car le trafic est appelé à croitre d’au moins 5 à 7% par année. Dans ses recettes, Eiffage devrait perdre en charge l’entretien et lescharges salariales des agents de l’autoroute.
«Mais elle va s’assurer des marges confortables, très confortables peut-on dire ». Reste que les usagers, surtout les travailleurs vont devoir supporter jusqu’à 180 000 francs de charges supplémentaires pour devoirse rendre au travail. «La question d’ailleurs est sur la table des autorités, quel tarif faudrait-il appliquer aux travailleurs quise rendent quotidiennement à Diass ?C’est un vrai casse-tête ».
Les investissements directs de Eiffage dansl’autoroute à péage sont de moins de 100 milliards dont 61 milliards pour la première
phase (Dakar-Diamniadiao). Son apport pour la seconde phase DiamniadioAibd n’a pas été communiqué.
Le coût global de ce tronçon est de 78 milliards mais les coûts sont partagés entre l’Etat, les bailleurs de fonds et Eiffage. «Le modèle
d’affaires trouvé par Eiffage au Sénégal est tellement intéressant pour cette société qu’elle cherche à l’exporter vers d’autres pays
de la sous-région ».
Des contactssont noués en Guinée et surtout au Mali. Des projets qui avancent et ses voisins de la sous-région veulent s’inspirer du
Sénégal.
TRANSPORT : ÇA COÛTERA PLUS CHER
Au bureau des taxis de l’aéroport Léopold Sedar Senghor, on se frotte les mains et on trépigne d’impatience d’aller cueillir cette manne financière. « Pour le moment, nous ne sommes encore sûrs de rien par rapport à la date prévue du déménagement.
Tout ce qu’on nous a dit, c’est de nous tenir prêt pour rejoindre Diass. Ils nous ont prévu un endroit où se garer comme ici et attendre
les clients, mais nous ne l’avons pas encore vu. Nous sommes en train de voir quels sont les prix que nous allons pratiquer, mais ce qui est sûr, nous ne descendrons pas à moins de 15 000 FCFA pour un voyage Diass-Dakar.
Le péage seulement nous prend entre cinq etsix mille, donc nous devons gagner un peu d’argent. » C’est donc une fois encore au passager de payer le plus lourd tribut.
Car pour ceux qui n’ont pas réservé dans des hôtels avec navettes, ils devront payer le prix fort pour quitter l’aéroport.
Le service de transport public Dakar Dem Dikk quant à lui, assure qu’il sera pré En attenda tl'ouverture de l'aéroport Situé à Diass, à près de 50 km de Dakar, perdu au milieu de nulle part,l’aéroport BlaiseDiagne,s’il est proche de la station balnéaire de Saly, est bien loin de la capitale.Comment faire pour accueilir les amis et la famille ou leur demander de se rendre chez nous ?
sent sur le site et fera desrotations entre Diass et les autres villes. Pour le moment, les prix ne sont pas encore fixés.Les moyens de transport ne manqueront pas pourse rendre ou sortir de l’aéroport de Diass. Le gros problème se posera au niveau des prix, quand on connait la mauvaise manie des chauffeurs sénégalais de spéculer quand ils sont en position de force.
Quant aux parkings du nouvel aéroport, pour ceux qui viennent chercher quelqu’un, nul ne sait les prix qui seront pratiqués.
LES PETITS COMMERCES AUTOUR DE L’AÉROPORT RISQUENT DEDISPARAITRE
Ce sont les plus malheureux de l’histoire. Ces petits commerçants qui avaient des activités autour de l’aéroport sont sûrs qu’ils ne pourront pas émigrer avec les autres à AIBD, à moins d’un miracle.
Ce monsieur qui tient une petite échoppe où il vend des vêtements artisanaux et fait des photocopies secoue tristement la tête quand on lui parle du transfert prochain.
Il se désole : « Nous n’avons été saisis par personne pour aller à AIBD. C’est comme si nous ne faisons pas partie de cet aéroport
alors que ça fait des dizaines d’années que nous gagnons nos vies ici. On nous dit que là-bas, ce ne sera plus possible d’avoir des
petites cantines comme ici et qu’une seule société va se charger de tout ce que nous proposions ici. » À quelques mètres, Assane
tient une petite galerie d’art danslaquelle on peut déguster du café touba et des gâteaux. Il partage l’amertume de son compagnon de galère : « Pendant que certains prient pour que AIBD commence à fonctionner, nous autres nous prions pour que ça n’arrive pas.
Parce que nousserons nombreux à perdre notre gagne pain. On nous a dit que les petits commerces autour de l’aéroport là, ça ne va pas être possible à Diass. »
ET QUID DES INFRASTRUCTURES EXISTANTES ?
Que va devenir le désormais ex-aéroport international Léopold Sédar Senghor et ses infrastructures ? Personne ne sait. À l’aéroclub,
qui existe depuis 1933, personne n’a été tenu informé. Les propriétaires d’avions privés non plus. Certains osent espérer que l’aéroport continuera d’exister pour les vols à destination de l’intérieur du pays. D’autres au contraire parient que les terrains ont déjà été vendus à des promoteursimmobiliers.
LES HÔTELIERS DE LA PETITE CÔTEAUX ANGES
A Dakar, les hôteliers savent déjà qu’ils auront un manque à gagner avec la délocalisation de l’aéroport à 45 km de la capitale. Les heureux dans cette transaction sont les propriétaires d’hôtels de la petite côte. Toubab dialaw est à 20 minutes de l’AIBD, Saly est à 30 minutes, le lac rose aussi est tout proche. Malgré les navettes, beaucoup de clients ne séjournaient à Dakar que le temps
de préparer leurs voyages à l’intérieur du pays. Maintenant, ils ne verront plusl’intérêt de faire le trajet jusqu’à Dakar pour repartir pour leur destination finale.
Véritable bijoux avec des infrastructures de dernières génération, ce nouvel aéroport semble plutôt entrainer plus de problèmes qu’elle n’en résout avec son implantation si loin de l’agglomération.
Eva Rassoul
LeSoirdeDakar
la société gestionnaire de l’autoroute à péage peut s’attendre à une hausse entre 6 et 10 milliards sur son chiffre d’affaires annuel,
selon une étude menée par l’agence Emedias pour le quotidien Le Soir. Le tarif moyen pour un passage aller-retour pour l’aéroport entre Dakar et Diass est de 6000 francs CFA. Si on ajoute, le personnel, les accompagnants et le transport public vers l’aéroport des personnes qui travaillent chaque jour au niveau de la plateforme aéroportuaire, c’est pas moins de 3 millions de nouveaux déplacements par année et Eiffage pourrait gagner 18 milliards supplémentaires par an.
Au total, Eiffage pourrait gagner au moins 24 milliardssupplémentaires, voir 30 milliards dèsla première année de transfert de l’aéroport. Pour lesspécialistes du secteur interrogé par le quotidien Le Soir, ce n’est que justice. «Le modèle économique du péage avait été calqué sur l’ouverture de l’aéroport de Diass, il est normal que le chiffre d’affaires de Eiffage explose ».
Ce gain supplémentaire de 24 à 30 milliards rapportés sur les 21 ans qui reste dans la concession de Eiffage qui s’achève en 2039 représente entre 576 et 630 milliards au moins. Il peut facilement atteindre 1000 milliards car le trafic est appelé à croitre d’au moins 5 à 7% par année. Dans ses recettes, Eiffage devrait perdre en charge l’entretien et lescharges salariales des agents de l’autoroute.
«Mais elle va s’assurer des marges confortables, très confortables peut-on dire ». Reste que les usagers, surtout les travailleurs vont devoir supporter jusqu’à 180 000 francs de charges supplémentaires pour devoirse rendre au travail. «La question d’ailleurs est sur la table des autorités, quel tarif faudrait-il appliquer aux travailleurs quise rendent quotidiennement à Diass ?C’est un vrai casse-tête ».
Les investissements directs de Eiffage dansl’autoroute à péage sont de moins de 100 milliards dont 61 milliards pour la première
phase (Dakar-Diamniadiao). Son apport pour la seconde phase DiamniadioAibd n’a pas été communiqué.
Le coût global de ce tronçon est de 78 milliards mais les coûts sont partagés entre l’Etat, les bailleurs de fonds et Eiffage. «Le modèle
d’affaires trouvé par Eiffage au Sénégal est tellement intéressant pour cette société qu’elle cherche à l’exporter vers d’autres pays
de la sous-région ».
Des contactssont noués en Guinée et surtout au Mali. Des projets qui avancent et ses voisins de la sous-région veulent s’inspirer du
Sénégal.
TRANSPORT : ÇA COÛTERA PLUS CHER
Au bureau des taxis de l’aéroport Léopold Sedar Senghor, on se frotte les mains et on trépigne d’impatience d’aller cueillir cette manne financière. « Pour le moment, nous ne sommes encore sûrs de rien par rapport à la date prévue du déménagement.
Tout ce qu’on nous a dit, c’est de nous tenir prêt pour rejoindre Diass. Ils nous ont prévu un endroit où se garer comme ici et attendre
les clients, mais nous ne l’avons pas encore vu. Nous sommes en train de voir quels sont les prix que nous allons pratiquer, mais ce qui est sûr, nous ne descendrons pas à moins de 15 000 FCFA pour un voyage Diass-Dakar.
Le péage seulement nous prend entre cinq etsix mille, donc nous devons gagner un peu d’argent. » C’est donc une fois encore au passager de payer le plus lourd tribut.
Car pour ceux qui n’ont pas réservé dans des hôtels avec navettes, ils devront payer le prix fort pour quitter l’aéroport.
Le service de transport public Dakar Dem Dikk quant à lui, assure qu’il sera pré En attenda tl'ouverture de l'aéroport Situé à Diass, à près de 50 km de Dakar, perdu au milieu de nulle part,l’aéroport BlaiseDiagne,s’il est proche de la station balnéaire de Saly, est bien loin de la capitale.Comment faire pour accueilir les amis et la famille ou leur demander de se rendre chez nous ?
sent sur le site et fera desrotations entre Diass et les autres villes. Pour le moment, les prix ne sont pas encore fixés.Les moyens de transport ne manqueront pas pourse rendre ou sortir de l’aéroport de Diass. Le gros problème se posera au niveau des prix, quand on connait la mauvaise manie des chauffeurs sénégalais de spéculer quand ils sont en position de force.
Quant aux parkings du nouvel aéroport, pour ceux qui viennent chercher quelqu’un, nul ne sait les prix qui seront pratiqués.
LES PETITS COMMERCES AUTOUR DE L’AÉROPORT RISQUENT DEDISPARAITRE
Ce sont les plus malheureux de l’histoire. Ces petits commerçants qui avaient des activités autour de l’aéroport sont sûrs qu’ils ne pourront pas émigrer avec les autres à AIBD, à moins d’un miracle.
Ce monsieur qui tient une petite échoppe où il vend des vêtements artisanaux et fait des photocopies secoue tristement la tête quand on lui parle du transfert prochain.
Il se désole : « Nous n’avons été saisis par personne pour aller à AIBD. C’est comme si nous ne faisons pas partie de cet aéroport
alors que ça fait des dizaines d’années que nous gagnons nos vies ici. On nous dit que là-bas, ce ne sera plus possible d’avoir des
petites cantines comme ici et qu’une seule société va se charger de tout ce que nous proposions ici. » À quelques mètres, Assane
tient une petite galerie d’art danslaquelle on peut déguster du café touba et des gâteaux. Il partage l’amertume de son compagnon de galère : « Pendant que certains prient pour que AIBD commence à fonctionner, nous autres nous prions pour que ça n’arrive pas.
Parce que nousserons nombreux à perdre notre gagne pain. On nous a dit que les petits commerces autour de l’aéroport là, ça ne va pas être possible à Diass. »
ET QUID DES INFRASTRUCTURES EXISTANTES ?
Que va devenir le désormais ex-aéroport international Léopold Sédar Senghor et ses infrastructures ? Personne ne sait. À l’aéroclub,
qui existe depuis 1933, personne n’a été tenu informé. Les propriétaires d’avions privés non plus. Certains osent espérer que l’aéroport continuera d’exister pour les vols à destination de l’intérieur du pays. D’autres au contraire parient que les terrains ont déjà été vendus à des promoteursimmobiliers.
LES HÔTELIERS DE LA PETITE CÔTEAUX ANGES
A Dakar, les hôteliers savent déjà qu’ils auront un manque à gagner avec la délocalisation de l’aéroport à 45 km de la capitale. Les heureux dans cette transaction sont les propriétaires d’hôtels de la petite côte. Toubab dialaw est à 20 minutes de l’AIBD, Saly est à 30 minutes, le lac rose aussi est tout proche. Malgré les navettes, beaucoup de clients ne séjournaient à Dakar que le temps
de préparer leurs voyages à l’intérieur du pays. Maintenant, ils ne verront plusl’intérêt de faire le trajet jusqu’à Dakar pour repartir pour leur destination finale.
Véritable bijoux avec des infrastructures de dernières génération, ce nouvel aéroport semble plutôt entrainer plus de problèmes qu’elle n’en résout avec son implantation si loin de l’agglomération.
Eva Rassoul
LeSoirdeDakar