Les nominations se succèdent, et l'inquiétude ne cesse croître aux États-Unis. Grisé par sa nette victoire à la présidentielle américaine, Donald Trump accélère le pas pour composer son administration, alors même qu'un certain nombre de candidats désignés pour des postes clés suscitent de nombreuses réserves. Parmi les dernières en date, celle de l'antivax Robert F. Kennedy Jr, nommé vendredi 15 novembre à la Santé. Il pourrait rejoindre dans l'équipe le trumpiste Matt Gaetz (à la Justice), un radical soupçonné de relations avec une jeune fille mineure, ou encore Elon Musk et Vivek Ramaswamy, nommés à l'Efficacité gouvernementale.
La nomination de Robert F. Kennedy Jr a notamment provoqué la fureur des médecins et scientifiques qui ont dénoncé une "véritable catastrophe" ; celle de Matt Gaetz a fait réagir au sein des législateurs, la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, s'étant notamment dite "choquée de cette nomination".
Autant de choix qui peuvent en effet s'avérer dangereux, prévient Natasha Lindstaedt, professeure en sciences politiques à l'université d'Essex.
France 24 : Devrions-nous être surpris des personnes nommées par Donald Trump jusqu'à présent ?
Natasha Lindstaedt : À bien des égards, nul ne devrait être surpris. Tous les candidats évoqués par Donald Trump sont des personnes qui lui ont été incroyablement loyales. Cependant, si certaines sont parfaitement compétentes en plus d'être loyales, d'autres affichent des idées dangereuses ou n'ont aucune expérience à faire valoir.
De quoi faire courir de sérieux risques pour la santé des enfants, alors que nous savons pourtant que les vaccinations effectuées entre 1994 et 2023 ont permis de sauver plus d'un million de vies, d'éviter plus de 500 millions d'hospitalisations et d'épargner au pays quelque 2 700 milliards de dollars en coûts directs et indirects. Tout le monde ne sera pas d'accord avec Robert Kennedy, mais ses décisions auront une influence et pourraient même à terme entraîner d'autres épidémies.
Les dentistes s'inquiètent aussi de ses recommandations concernant la suppression de fluor dans l'eau. [Robert Kennedy a provoqué la controverse en déclarant vouloir recommander l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, mesure destinée à prévenir les caries et considérée comme l'une des plus grandes réussites sanitaires du XXe siècle, NDLR] Il peut donc avoir de bonnes idées... mais certaines sont très dangereuses.
Y a-t-il une chance que certaines de ces idées dangereuses ne soient simplement que des slogans électoraux sans lendemain ?
C'est ce que certains espéraient après la victoire de Trump lors de la présidentielle de 2016. Pourtant, son administration a bel et bien essayé de faire appliquer des idées extrêmes comme avec le "Muslim ban" [en 2017, Donald Trump avait signé un décret présidentiel décrié visant à suspendre le programme d'admission des réfugiés aux États-Unis et l'entrée sur le territoire des citoyens irakiens, iraniens, libyens, somaliens, soudanais, syriens et yéménites, NDLR]. Cette mesure a été difficile à mettre en œuvre. Lors de son nouveau mandat, il cherchera à accélérer sur certaines de ses idées de campagne, comme par exemple celle d'expulser entre 11 et 15 millions d'immigrés. Une mesure qui sera elle aussi très difficile à appliquer et qui pose de sérieux risques de dérives.
De manière générale, Donald Trump va essayer de s'attaquer à ce qu'il appelle "l'État profond" [concept en vogue dans des sphères complotistes pro-Trump désignant un "deep State" contrôlé par des élites et cherchant à entraver le pouvoir de Donald Trump, NDLR]. Sans garde-fous, entouré de personnes plus loyales vis-à-vis de lui que réellement compétentes ou au fait du fonctionnement des processus démocratiques, Donald Trump peut frapper avec plus de force que lors de son dernier mandat.
Pensez-vous que les institutions américaines sont en danger ?
Il est difficile de prévoir ce que Donald Trump va faire et dans quel sens cela va affecter les Américains. Mais comme il est persuadé d'avoir énormément de soutiens et qu'il est convaincu d'avoir remporté une victoire sans appel [contre Kamala Harris, NDLR], il va vouloir essayer de poursuivre certaines de ses politiques les plus controversées, comme celles sur les droits de douane.
Or, si cette politique de mise en œuvre de tarifs douaniers élevés entre en vigueur – alors que les Américains se plaignent déjà de l'inflation –, cela va certainement faire augmenter les prix bien plus que ce que la population l'avait ressentie sous l'administration Biden.
Ces nominations doivent être confirmées par le Sénat, qui est contrôlé par les Républicains. Pensez-vous qu'il s'opposera quand même à ces nominations ?
Ce sera un grand test. Est-ce que quelqu'un comme Matt Gaetz [nommé par Donald Trump au ministère de la Justice, NDLR], qui a récemment fait l'objet d'une enquête pour trafic sexuel, peut vraiment être nommé à ce poste ? Est-ce que Pete Hegseth, qui n'était qu'un présentateur de Fox News et qui a été choisi pour diriger le ministère de la Défense sans aucune compétence pour ce poste, qui le verra à la tête de plusieurs millions de personnes et d'un budget d'environ 800 milliards de dollars, peut être confirmé ?
Si ces candidats sont retenus, cela donnera une idée du niveau du contrôle réel de Donald Trump sur le Parti républicain.
La nomination de Robert F. Kennedy Jr a notamment provoqué la fureur des médecins et scientifiques qui ont dénoncé une "véritable catastrophe" ; celle de Matt Gaetz a fait réagir au sein des législateurs, la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, s'étant notamment dite "choquée de cette nomination".
Autant de choix qui peuvent en effet s'avérer dangereux, prévient Natasha Lindstaedt, professeure en sciences politiques à l'université d'Essex.
France 24 : Devrions-nous être surpris des personnes nommées par Donald Trump jusqu'à présent ?
Natasha Lindstaedt : À bien des égards, nul ne devrait être surpris. Tous les candidats évoqués par Donald Trump sont des personnes qui lui ont été incroyablement loyales. Cependant, si certaines sont parfaitement compétentes en plus d'être loyales, d'autres affichent des idées dangereuses ou n'ont aucune expérience à faire valoir.
De quoi faire courir de sérieux risques pour la santé des enfants, alors que nous savons pourtant que les vaccinations effectuées entre 1994 et 2023 ont permis de sauver plus d'un million de vies, d'éviter plus de 500 millions d'hospitalisations et d'épargner au pays quelque 2 700 milliards de dollars en coûts directs et indirects. Tout le monde ne sera pas d'accord avec Robert Kennedy, mais ses décisions auront une influence et pourraient même à terme entraîner d'autres épidémies.
Les dentistes s'inquiètent aussi de ses recommandations concernant la suppression de fluor dans l'eau. [Robert Kennedy a provoqué la controverse en déclarant vouloir recommander l'arrêt de l'ajout de fluor dans l'eau courante, mesure destinée à prévenir les caries et considérée comme l'une des plus grandes réussites sanitaires du XXe siècle, NDLR] Il peut donc avoir de bonnes idées... mais certaines sont très dangereuses.
Y a-t-il une chance que certaines de ces idées dangereuses ne soient simplement que des slogans électoraux sans lendemain ?
C'est ce que certains espéraient après la victoire de Trump lors de la présidentielle de 2016. Pourtant, son administration a bel et bien essayé de faire appliquer des idées extrêmes comme avec le "Muslim ban" [en 2017, Donald Trump avait signé un décret présidentiel décrié visant à suspendre le programme d'admission des réfugiés aux États-Unis et l'entrée sur le territoire des citoyens irakiens, iraniens, libyens, somaliens, soudanais, syriens et yéménites, NDLR]. Cette mesure a été difficile à mettre en œuvre. Lors de son nouveau mandat, il cherchera à accélérer sur certaines de ses idées de campagne, comme par exemple celle d'expulser entre 11 et 15 millions d'immigrés. Une mesure qui sera elle aussi très difficile à appliquer et qui pose de sérieux risques de dérives.
De manière générale, Donald Trump va essayer de s'attaquer à ce qu'il appelle "l'État profond" [concept en vogue dans des sphères complotistes pro-Trump désignant un "deep State" contrôlé par des élites et cherchant à entraver le pouvoir de Donald Trump, NDLR]. Sans garde-fous, entouré de personnes plus loyales vis-à-vis de lui que réellement compétentes ou au fait du fonctionnement des processus démocratiques, Donald Trump peut frapper avec plus de force que lors de son dernier mandat.
Pensez-vous que les institutions américaines sont en danger ?
Il est difficile de prévoir ce que Donald Trump va faire et dans quel sens cela va affecter les Américains. Mais comme il est persuadé d'avoir énormément de soutiens et qu'il est convaincu d'avoir remporté une victoire sans appel [contre Kamala Harris, NDLR], il va vouloir essayer de poursuivre certaines de ses politiques les plus controversées, comme celles sur les droits de douane.
Or, si cette politique de mise en œuvre de tarifs douaniers élevés entre en vigueur – alors que les Américains se plaignent déjà de l'inflation –, cela va certainement faire augmenter les prix bien plus que ce que la population l'avait ressentie sous l'administration Biden.
Ces nominations doivent être confirmées par le Sénat, qui est contrôlé par les Républicains. Pensez-vous qu'il s'opposera quand même à ces nominations ?
Ce sera un grand test. Est-ce que quelqu'un comme Matt Gaetz [nommé par Donald Trump au ministère de la Justice, NDLR], qui a récemment fait l'objet d'une enquête pour trafic sexuel, peut vraiment être nommé à ce poste ? Est-ce que Pete Hegseth, qui n'était qu'un présentateur de Fox News et qui a été choisi pour diriger le ministère de la Défense sans aucune compétence pour ce poste, qui le verra à la tête de plusieurs millions de personnes et d'un budget d'environ 800 milliards de dollars, peut être confirmé ?
Si ces candidats sont retenus, cela donnera une idée du niveau du contrôle réel de Donald Trump sur le Parti républicain.