Abdou Diouf n’aime pas du tout qu’on lui attribue la volonté de s’exiler du pays. Selon un de ses proches, l’ancien chef d’Etat a piqué une colère noire, hier, quand il a appris qu’il lui était prêté la volonté de quitter le pays et de ne plus y remettre les pieds, vu la situation délétère. «Faux, faux, faux, tout ce qu’il y a de plus faux», a-t-il dit à ses proches.
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit Abdou Diouf dans tous ses états ! Mais, selon ses proches, l’ancien Président (1980-2000) a vu rouge, hier, en prenant connaissance d’informations lui prêtant la décision de s’exiler et de ne plus revenir au Sénégal, vu la situation délétère dans laquelle se trouve le pays. «Quand il a été informé, il était dans tous ses états.On l’a rarement vu se mettre dans un tel état», souffle un de ses proches. Selon ce dernier, le successeur de Senghor a affirmé qu’il n’a «jamais pensé et ne pensera jamais» de sa vie délaisser son pays, «quels que soient la situation et les acteurs politiques».
Très en colère, selon notre interlocuteur, Abdou Diouf a souligné qu’il ne pourra jamais abandonner le Sénégal, ce pays qui lui a «donné ce qu’il n’a jamais donné et ne donnera plus jamais à un de ses fils». Diouf a rappelé qu’il est né au Sénégal, y a grandi, y a fait ses études jusqu’en licence (avant d’aller en France). Mieux, il souligne que c’est à 26 ans que ce pays a fait de lui un gouverneur, puis Premier ministre à 35 et président de la République à 45 ans. Et d’ajouter que «jusqu’à 65 ans», le pays s’est occupé de lui.
Dès lors, le prédécesseur de Wade soutient que c’est lui qui doit au pays et à ses populations, mais le Sénégal ne lui devait plus rien. Et c’est la raison pour laquelle il a été «extrêmement choqué» d’entendre de telles allégations à son encontre.
Diouf, qui se demande comment il peut délaisser le Sénégal où le Président en exercice lui voue un respect tellement grand, d’ajouter que tous ses enfants et presque tous ses petits-enfants vivent au Sénégal. Il en veut pour preuve sa petite-fille qu’il a donnée en mariage, il y a quelques jours, au fils de l’homme d’affaires Loum Diagne.
Décision de «prendre de la hauteur»
Expliquant sa neutralité sur ce qui se passe au Ps et dans le pays, Diouf a fait savoir à ses proches que sa posture ne lui «permet pas d’entrer dans les querelles partisanes». Et c’est la raison pour laquelle il ne s’occupe même pas de la gestion et des affaires du Ps.
A en croire notre interlocuteur, Diouf a avoué qu’il sait que des camarades socialistes avec qui il a cheminé et de jeunes socialistes lui en veulent terriblement de ne pas s’intéresser à ce qui se passe dans le parti. Mais il ne compte pas revenir sur sa décision de «prendre de la hauteur» et de s’occuper de ce qui concerne tous les Sénégalais, et non une partie des Sénégalais (Ps).