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Absents du débat politique : Le troublant silence de Aïssata, Moussa et Aïda

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 10 Août 2018 à 09:10 modifié le Vendredi 10 Août 2018 - 09:12

Absents du débat politique : Le troublant silence de Aïssata, Moussa et Aïda
Grandes figures de l’opposition, Me Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj et Moussa Sy entretiennent le mystère depuis quelque temps sur leurs options politiques. Selon des analystes, leur silence pourrait être le signe d’un rapprochement avec le pouvoir, à 6 mois de l’élection présidentielle. 

Leur silence est audible. Leur inactivité intrigue. Me Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj et Moussa Sy sont-ils toujours dans l’opposition ? Depuis quelque temps, ces trois personnalités, farouches opposants au régime de Macky Sall, répètent leurs gammes loin des cadres de contestation du régime. 

A 6 mois et demi de la Présidentielle de février 2019, leur position fait jaser. Surtout qu’à côté, le mercato des transhumants bat son plein. Modou Diagne Fada, Pape Samba Mboup, Serigne Mbacké Ndiaye et un peu plus tôt, Souleymane Ndéné Ndiaye entre autres, ont décidé de soutenir la candidature du Président Macky Sall. 

Un retrait qui accrédite la thèse d’un éventuel ralliement de ces 3 figures au pouvoir en place. Et les arguments font florès. Cap sur Aïssata Tall Sall. La députée-maire de Podor incarnait la ligne dure du Parti socialiste qui militait pour une candidature socialiste. Isolée par Ousmane Tanor Dieng au sein du parti, la «Lionne du Fouta» ira aux Législatives sous la bannière de son mouvement «Osez l’avenir». Auparavant en avril 2017, Me Sall qui avait perdu son père, recevait la visite du président de la République qui n’avait pas manqué de la «draguer». 

Et dans cet exercice, le chef de l’Apr ne revient pratiquement jamais bredouille. Souleymane Ndéné Ndiaye, Modou Diagne Fada en sont des exemples. De plus, il se susurre que le milliardaire apériste et ministre-conseiller, Harouna Dia, aurait payé la caution de la coalition «Osez l’avenir» pour les Législatives. L’avocate qui se forgeait un destin présidentiel, n’a dû son unique député qu’au «plus fort reste». 

Aïssata en connexion avec et Harouna Dia et Amadou Ba ? 

Mais c’est l’approche adoptée lors du vote du parrainage qui interroge. Un de ses proches fustige : «Compte tenu des positions qu’elle est en train de prendre sur un certain nombre de sujets et son attitude à l’égard des acteurs politiques, elle entretient un clair-obscur. Tantôt, elle échange avec les tenants du pouvoir, tantôt, elle démontre une posture d’opposante. Sur le parrainage, au moment où le projet de loi est présenté à l’Assemblée nationale, elle s’y oppose. Mais au moment de mettre des mécanismes pour appliquer ce système, elle a applaudi.» 

Selon notre interlocuteur, la responsable exclue du Ps serait en «connexion» avec Harouna Dia et le ministre des Finances, Amadou Bâ. 

Depuis des mois, la députée non inscrite est invisible dans les activités de l’opposition (marches, meetings, conférences de presse…). L’analyste politique Serigne Saliou Samb se garde de considérer Aïssata Tall Sall comme un «cheval de Troie» de Macky Sall. 

Cependant, l’ancien journaliste, diplômé en Sciences politiques, souligne : «Aïssata est dans les calculs. Elle est en train de voir quel est le meilleur candidat à soutenir entre la majorité et l’opposition.» En cas de soutien au Président Sall, l’ancienne porte-parole du Ps renierait ses principes, elle qui a longtemps combattu pour que le Ps ait un candidat. 

«Ce serait une incongruité parce que l’une des raisons qui l’ont poussée à se rebeller, était de voir le Ps s’accrocher aux basques de l’Apr et de Benno Bokk yaakar. Un ralliement, ce serait accepter ce qu’elle avait refusé ailleurs. Et comment elle pourrait s’asseoir à côté de Ousmane Tanor Dieng qui aura eu raison sur elle ? Elle sera très gênée vis-à-vis de l’opinion», analyse Serigne Saliou Samb. 

Et lors de son apparition en public, à Podor le week-end dernier, la maire de la commune n’a pas clarifié sa posture. 

«Un rapprochement avec le pouvoir n’est pas à exclure» 

Silence, c’est aussi l’approche adoptée depuis un certain temps par Aïda Mbodj. La députée non inscrite, qui a pris ses distances avec le Parti démocratique sénégalais, fut très en vue dans le combat contre le parrainage et pour la libération de Khalifa Sall. Et comme Aïssata, c’est Harouna Dia qui sème le trouble dans la posture de Aïda Mbodj. En rencontrant l’homme d’affaires, proche de Macky Sall en mars 2017, l’ancienne présidente du Conseil départemental de Bambey passait chez certains, comme ces têtes de liste qui auraient été financées par le pouvoir. 

Sur le plateau de Faram Faccé de la Tfm du 5 juillet 2017, la «Lionne du Baol» avait démenti ces accusations. Néan­moins, Moussa Diaw, Docteur en Sciences politiques et enseignant-chercheur à l’Ugb, estime : «Un mutisme qui traduirait un rapprochement avec la majorité ? C’est une thèse qui n’est pas à exclure. Quand on voit les stratégies développées pour soutenir le Président Macky Sall, il ne faut pas exclure d’autres pour faire rallier ces personnalités qu’on n’entend plus, et qui avaient des positions radicales.» 

En 2015, Aïda Mbodj a fait face à Modou Diagne Fada pour le contrôle du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates. Fada accusé puis exclu du parti libéral pour «accointance avec l’ennemi» Macky Sall, a donné raison à ses détracteurs en rejoignant le camp présidentiel. Suivre le président du Conseil départemental de Kébémer ne serait-il pas contradictoire ? 

Enfin Moussa Sy, contrairement à Aïssata Tall Sall ou Aïda Mbodj, n’est pas décrit comme un potentiel candidat à la Présidentielle. Fidèle parmi les fidèles de Khalifa Sall, le maire des Parcelles Assainies se signale depuis une certaine période par ses absences dans les luttes pour la libération de Khalifa Sall. 

Au-delà de ses témoignages à décharge devant le Tribunal de Grande instance de Dakar pour l’édile de la Ville de Dakar dans le cadre du procès de la caisse d’avance, le président du mouvement Appel national pour la citoyenneté (Anc) se fait de plus en plus rare en public. «Depuis quelques temps, on ne le sent plus dans le combat, même s’il se dit toujours khalifiste», souffle un proche de Khalifa Sall. 

Le mystère Moussa Sy 

L’ancien député libéral a rompu avec cette période d’hibernation lors de la marche du Front de résistance nationale, dont il n’est pas membre, le 13 juillet dernier. «Il était revigoré par l’arrêt de la Cour de la Cedeao en faveur de Khalifa Sall. Mais depuis la non-libération de Khalifa, il est de nouveau en hibernation. Il ne vient ni dans les conférences de presse ni dans les rassemblements pour la cause de Khalifa Sall», note un conseiller municipal des Parcelles Assainies. 

Absent de la marche pour la fin des pénuries d’eau du Frn/Parcelles Assainies, le maire de la commune agace les «Khalifistes» par son attitude. D’ailleurs, les Jeunesses socialistes de la commune, proches du maire de Dakar, organisent dans quelques jours une conférence de presse pour dénoncer l’attitude «déloyale» de Moussa Sy à l’égard de Khalifa Sall. Ce dernier, qui a annoncé sa candidature à la Présidentielle depuis le 26 juillet dernier, n’a pas pour le moment pas reçu le soutien de son allié. 

Cette période coïncide avec des appels du pied de certains responsables du pouvoir. Le 16 juillet dernier en marge d’une cérémonie de présentation de condoléances, Cheikh Kanté appelait Moussa Sy à rejoindre le camp présidentiel. Dans son mutisme, le maire des PA étudie peut être cette possibilité. 






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