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Abou Thioubalo : «Je reviens pour reprendre ma place dans la musique»

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 2 Août 2019 à 14:04 modifié le Vendredi 2 Août 2019 - 14:12

Jusqu’ici, on croyait sa carrière enterrée, après près de 10 ans d’absence. Aboubacry Sy alias Abou Thioubalo avait pourtant démarré sur les chapeaux de roues avec un album «Solution» qui avait cartonné à l’époque. Mais il a brusquement replongé dans l’anonymat. Aujourd’hui, le chanteur de Pikine signe son retour en force à travers un single. Va-t-il reprendre ses droits sur la scène musicale sénégalaise ? Il en parle dans cette interview-vérité…


Après près 10 ans d’absence, vous venez de mettre sur le marché un nouveau single. Peut-on dire qu’il annonce votre retour dans le paysage musical sénégalais ?

Ce nouveau single est le fruit de ma collaboration avec le label Prince Arts, à travers l’un de ses gérants, Ibou Ndour. Mon seul objectif en le sortant sur le marché, c’est de rebondir sur la scène musicale sénégalaise. Je suis resté un bon bout de temps sans être présent et là, je reviens pour reprendre ma place. J’y travaille et je suis prêt à fournir les efforts nécessaires pour y arriver. Je reconnais que l’attente a été longue, mais c’est l’œuvre de Dieu et on n’y peut rien. Les Sénégalais m’apprécient énormément et j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte durant cette période de léthargie. Même mes pairs artistes n’avaient de cesse de me booster, de m’encourager à persévérer. Ils ont tous prié pour que je puisse revenir sur la scène. Sortir un album, c’est bien facile. En revanche, survivre dans le métier, c’est plus dur.

Pensez-vous pouvoir combler le gap de toutes ces années perdues et reprendre votre place ?

C’est bien possible. Je n’étais certes pas assez présent sur la scène musicale mais, depuis le temps, j’ai collaboré dans pas mal de projets qui ont tous été des réussites. J’ai bel et bien ma place et je peux la reprendre à force de travail. Je n’ai fait que ça d’ailleurs, depuis lors. Jamais mon nom n’a été associé à des scandales ou à des bêtises. Jusqu’ici, je me suis tenu à carreau. Je connais la musique, c’est ma passion et la plupart des Sénégalais, s’accordent à dire que j’ai du talent.

Le talent seul suffit-il pour subsister dans la musique ?

Non, le talent seul ne suffit pas. Si les Sénégalais n’approuvent pas ton travail, ce sera très difficile d’exister. Il faut aussi beaucoup croire en soi…

On peut donc affirmer que vous avez enfin trouvé la solution à votre problème ?

 

On peut voir les choses sous cet angle. Mais il faut aussi savoir que malgré le fait que je sois resté 9 ans sans sortir d’album, je n’étais pas inactif. Je vis toujours de ma musique. La preuve, j’ai voyagé partout dans le monde pour me produire sur scène. A un moment donné, j’ai fait tabac ici au Sénégal, j’étais sous les feux des projecteurs. Cela a changé du jour au lendemain, n’empêche que j’existais. Tous les vendredis, je me produis dans des soirées.

Est-ce que quelque part, le succès de votre premier album ne vous a pas monté à la tête ?

Je ne suis pas de ce genre. J’ai gardé la tête froide et je suis resté le même. En 2009, lorsque je venais de sortir mon album, je dormais dans une chambrette, je n’avais pas encore de voiture. Aujourd’hui, des années plus tard, ma situation a changé. Pleins d’artistes ont l’habitude de se targuer d’être fiers de leurs localités, alors que ce n’est qu’en façade. Dans la réalité, ils oublient même d’où ils viennent, les gens qui les ont faits. Je n’habite plus à Pikine, mais il faut dire que c’était le cas bien avant que je ne sorte mon premier opus. Cependant, je suis et je demeure un Pikinois. D’ailleurs, j’y ai construit une maison et je passe toutes les fêtes là-bas. J’y ai mes amis et mes fréquentations.

«Sans soutien, même avec du talent, aucun artiste ne peut progresser»

Selon-vous ce qui vous a bloqué tout ce temps ?

Je suis né en 1979, j’ai commencé à chanter en 1989, en 2009, j’ai sorti mon premier album. En 2019, je prépare mon come-back. Cela veut tout dire, seul Dieu est au contrôle de notre destinée. C’est Lui qui décide de l’heure et du moment et on s’y fait. Seulement, je ne suis pas resté les bras croisés à m’acharner sur mon sort. J’ai travaillé avec l’appui d’un Papis Konaté et d’un Jimmy Mbaye et ils m’ont beaucoup apporté. J’ai au moins, 16 morceaux qui sont prêts, sauf que sans soutien, aucun artiste ne peut progresser. Finalement, j’ai pu bénéficier de celui d’Ibou Ndour. Il a décidé de prendre les choses en main et je crois que très bientôt, l’album sera disponible dans les bacs.

C’est donc un producteur qui vous manquait ?

En fait pour cet album, je me suis auto- produit. J’ai tout financé moi-même avec l’aide de bonnes volontés. J’ai choisi maintenant de le confier à la maison de production Prince Arts. Ils vont piloter tout ce qui est distribution, promotion et tout ce qui tourne autour. D’un commun accord, nous avons convenu d’un certain nombre de choses et notre collaboration est devenue effective. C’est à eux de manager ma carrière. Le premier album «Solution» a trusté les hits, grâce à leur participation. Après cela, il y a eu quelques petits malentendus entre nous mais, aujourd’hui nous avons pu dépasser tout cela, s’asseoir autour d’une table et nous projeter dans l’avenir.

Qu’attendez-vous de votre collaboration avec le label Prince Arts ?

Que du positif ! Que nous travaillons en toute franchise. Nous avons eu à collaborer dans le passé, j’ai entendu toutes sortes de contrevérités. Certains ont parlé de brouille entre nous, alors qu’il n’en est rien. Nous n’avons jamais eu le moindre souci. Ce sont des personnes exceptionnelles avec qui ‘ai toujours entretenu d’excellentes relations.

Parlez-nous de ce nouveau single «Dikum Dakum» ?


 

C’est une chanson que j’ai dédiée aux personnalités qui, par leurs actes, apportent leur pierre à l’édifice ici au Sénégal. On a l’habitude de surnommer nos sportifs, les lions de la Téranga, à mon avis, ces personnes en sont aussi. Tous mes compatriotes qui se considèrent comme tels ou qui aspirent à être des références, des leaders dans leur domaine, peuvent s’approprier ce single. J’ai choisi de mettre en exergue les noms de certaines célébrités comme El Hadj Diouf, Malick Gackou, Farba Ngom, Aziz Ndiaye, Youssou Ndour, Cheikh Amar, Matar Ba. Ils ont énormément fait pour le Sénégal, en créant des emplois et en mettant en place des infrastructures dans l’intérêt de toute une nation. Je n’attends rien de ces personnes. Il y en a même parmi eux, certains que je ne connais pas. Mon but est de les ériger en exemple, afin que leurs cadets s’inspirent d’eux et de leurs parcours.

Aujourd’hui, comment vous sentez-vous avec ce nouveau pas de franchi ?

C’est tout à fait naturel. La musique, c’est mon métier et je ne peux que rendre grâce à Dieu, de pouvoir l’exercer sans contraintes. Tout ce à quoi un artiste peut aspirer comme dignité humaine, je l’ai. Je parviens à subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. En plus, j’ai de bonnes relations. J’ai amené ma mère à La Mecque. La seule chose qui me faisait défaut, c’est la présence constante sur le paysage musical. Cela n’est pas donné à tout le monde. On a tous notre moment de gloire et ce n’est pas éternel.

«A un moment donné, j’ai été déçu et déstabilisé par les rumeurs sur mon compte »

Sauf que votre moment de gloire a été éphémère ?

De 2009 à 2012, mon album était au sommet. J’ai été freiné dans mon élan par des propos malveillants qui ont été tenus sur moi. J’étais en pleine tournée en Amérique, quand on a dit que j’étais malade et atteint mystiquement. J’avoue que cela m’a déstabilisé.

De simples rumeurs peuvent vous déstabiliser… En tant qu’artiste, vous auriez dû vous attendre à vivre ce genre de choses ?

Je suis une personne faite de chair et de sang avant tout. Cela m’a énormément déçu, d’autant plus que les Sénégalais s’y sont focalisés. Je me suis un peu mis en retrait, car je ne voulais pas alimenter la polémique.

Comment appréciez-vous le fait qu’on vous tourne en dérision sur les réseaux sociaux. A chaque fois, qu’on parle de quelque chose d’éphémère, on cite votre carrière en exemple ?

Cela prouve que quelque part, les Sénégalais me gardent dans un coin de leur tête, ils ne m’ont pas oublié. Je sais que le fait de me tourner en dérision, part d’une bonne intention et que ce n’est pas méchant. Je n’en tiens pas rigueur et je pardonne de gaité de cœur. La seule chose que je ne pourrais jamais tolérer, c’est qu’une personne amène mon nom chez un marabout…

Le cas s’est-il déjà posé ?

Pas que je sache. Je sais juste que je ne pardonnerais jamais à une personne, si elle me faisait ce coup. Elle devra rendre compte au Tout-Puissant, tôt ou tard.

La concurrence est rude dans le Show-biz. Comment allez-vous y faire face ?

A mon avis, la concurrence est saine entre les artistes. C’est plutôt entre les fans que cela dégénère souvent. Ils alimentent une certaine animosité entre eux et prennent un malin plaisir à créer des tensions inutiles. J’en profite pour lancer un message à mes inconditionnels qui me suivent, à ne pas se laisser distraire. Le plus important et surtout qui puisse me faire tenir, c’est qu’ils consomment ma musique. En ce qui me concerne, je mène mon petit bout de chemin sans m’occuper de ce que font les autres artistes. Mon défi de tous les jours, c’est comment évoluer et performer.


Côté jardin, Abou a récemment divorcé d’avec l’ancienne Miss Diongoma Oumy Gaye. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

 

Cela devait se passer ainsi. C’est Dieu qui nous a unis, aujourd’hui nous sommes séparés. Elle a refait sa vie et je n’ai rien à en redire. Je lui souhaite d’être heureuse et tout ce qu’il y a de mieux pour elle…

MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU (oBS)

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