Agée de 29 ans, Fatoumétou Large, la mise en cause a reconnu les faits. Mais, elle aura justifié son acte par le fait qu’elle ne voulait pas garder l’enfant mais surtout parce que son papa était gravement malade et qu’elle ne souhaitait pas décevoir sa maman. Dans ces circonstances, elle dit s’être attachée les services du sieur Abdalah Ndiaye qu’elle soutient avoir connu par le biais d’une fille dont elle ignore l’identité et l’adresse. Devant les enquêteurs, elle a confié avoir été aidé dans sa tentative d’avortement par son co-prévenu, en échange de 50 000 FCFA à son domicile sis aux Hlm Grand Yoff.
«Je ne pouvais plus regarder mes parents»
L’avortement provoqué a eu lieu le lundi 1er août. Ce qu’elle a tenté de regretter devant le juge. «Quand j’ai eu la confirmation de la grossesse, je lui ai (Abdalah Ndiaye) dit que je n’étais pas sure de pouvoir garder l’enfant. Il m’avait bien dit de ne pas faire un avortement parce que ce serait une grosse erreur. (…). J’ai appelé mon copain pour lui dire que j’étais enceinte. Il a été un peu surpris mais avait reconnu la paternité. Je m’étais dit qu’il fallait en parler à ma maman mais je n’ai pas pu le lui dire. Je ne pouvais plus regarder mes parents. Je constituai un espoir pour eux et je n’aurais jamais souhaité les décevoir. L’auteur de la grossesse n’a jamais voulu que je fasse un avortement. (…). Je ne sais pas ce qui m’a vraiment poussé à le faire», a-t-elle dit. Entendu à titre de témoin, à l’audience, son copain, Abdou Aziz, a soutenu qu’il souhaitait garder l’enfant.
L’artiste-comédien, interrogé, a lui déclaré avoir voulu «uniquement aider la dame». Et c’est une enquête longue de 10 jours qui a abouti à son arrestation. Attrait devant le juge, il a tenté de justifier son acte. Se disant technicien médical spécialisé en chirurgie, il confie avoir été formé à l’Endss, où il a obtenu ses diplômes.
«Ce n’est pas l’argent qui me pousse à le faire …»
«J’ai passé 22 ans au bloc opératoire à Saint Louis. J’ai vu n’importe quel cas d’urgence. Si j’ai fait ça c’était juste pour l’aider», a-t-il répondu au juge qui s’interrogeait sur les raisons qui l’ont poussé à s’impliquer dans une affaire d’avortement. Agé de 58 ans, marié et père de 7 enfants, il a avancé d’autres arguments pour tenter de justifier son acte. «En fait, les propos qu’elle m’a tenus pour que je l’aide à avorter m’ont rappelé ceux d’une étudiante en 2e année à L’Ugb (Université Gaston Berger de Saint Louis), il y a quelques années». Celle-ci était venue la voir pour lui demander de l’aider à avorter. Une demande qu’il soutient avoir rejetée. Et comptait même avertir les parents de la jeune fille. Malheureusement, il a appris, au lendemain de cette rencontre secrète, que celle qui avait sollicité ses services s’était donnée la mort. Disant avoir fait une trentaine d’année dans le métier, il a soutenu à la barre l’avoir fait avorter à l’aide de sa main, avant de lui prescrire une ordonnance. « Ce n’est pas l’argent qui me pousse à le faire, mais c’était uniquement pour aider une personne désemparée», explique-il.
C’est en souvenir de ce triste souvenir et vu l’insistance de la dame qui, à ses yeux était en situation de détresse qu’il a accepté.
Un soutien qui lui vaut aujourd’hui un séjour carcéral d’un an dont 6 mois ferme. Une peine qui est loin de celle requise par le parquet. Ce dernier, dans son réquisitoire, avait invité le juge à condamner Abdoulah Ndiaye et la dame Fatoumétou Large à, respectivement, 3 ans , et 3 mois de prison ferme.
Un réquisitoire qui a poussé les avocats de la défense à sauter de leur siège pour plaider la relaxe du sieur Ndiaye pour le chef d’exercice illégale de médecine et de solliciter des juges une application extrêmement bienveillante de la loi pénale. Une prière qui a été exaucée par le tribunal qui n’a pas eu la main lourde.
Youssoupha MINE
Auteur: Youssoupha MINE - Seneweb News - Seneweb.com