ARRESTATIONS ET EMPRISONNEMENT D’ADVERSAIRES QUAND LA POLICE EST UTILISÉE DANS LES COMBATS POLITIQUES

Rédigé par Dakarposte le Mardi 4 Aout 2015 à 15:52 modifié le Mardi 4 Aout 2015 15:55

L’Alliance pour la république (Apr) ne serait-elle pas assez forte pour faire face aux adversaires de Macky Sall ? Le pouvoir vaudrait-il déléguer le combat politique aux forces de l’ordre ? La réponse à ces interrogations vaut tout son pesant d’or au rythme où sont envoyés en prison les opposants au régime actuel.

 

C’est presque devenu un rituel. A chaque sortie «malheureuse» du chef de l’Exécutif et patron de l’Alliance pour la république (Apr), on semble instaurer un régime de «terreur» pour réduire l’opposition politique au silence. D’ailleurs, selon nombre de ses détracteurs, mais aussi des observateurs de la scène politique, le successeur du président Abdoulaye Wade est en train d’instaurer un Etat policier. Le terme d’Etat policier étant en fait utilisé pour qualifier un Etat qui, pour maintenir et faire respecter les prérogatives du pouvoir politique, utilise la police, en particulier la police secrète, et de manière générale la surveillance policière grâce notamment aux fichiers policiers allant jusqu’à faire usage de moyens violents et arbitraires si nécessaire. Un Etat policier se distingue spécifiquement par ses caractéristiques totalitaires ou l’utilisation de moyens radicaux pour assurer le contrôle social. Dans un tel Etat, la police n’est pas soumise aux règles de l’Etat de droit. Le régime de police est fondé sur l’idée que la fin suffit à justifier les moyens.

Le régime de Macky Sall n’en est peut-être pas arrivé à établir des fichiers pour les citoyens. Mais avec les développements, il y a à craindre qu’un Etat policier est en train de s’installer. La preuve : très souvent, la force légitime est utilisée pour casser de l’opposant. La dernière en date : l’arrestation, suivie de l’emprisonnement, d’El Hadji Diaw, secrétaire général adjoint du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (Meel). Le secrétaire général adjoint du Meel a été placé en garde à vue samedi dernier alors qu’il était venu s’enquérir de la situation de ses «frères» de parti arrêtés la veille après l’attaque subie par le président de la République et son cortège dans l’enceinte de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). D’ailleurs, commentant cette situation, Me Amadou Sall est convaincu que les autorités «veulent créer un lien, mais ce lien-là n’existe pas. Le commissaire Abdoulaye Diop a fait preuve d’un acte de banditisme. C’est du terrorisme, du kidnapping. Ils ont kidnappé quelqu’un qui n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé».

En réalité, l’arrestation de El Hadji Diaw n’est que la face visible de l’iceberg. Beaucoup de membres du Parti démocratique sénégalais (Pds) sont dans les liens de la détention suite à des manifestations ou de sorties jugées malheureuses contre le régime. L’on se souvient des arrestations qui ont suivi le verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) sur l’affaire Karim Wade. Une situation qui avait conduit à l’arrestation suivie d’emprisonnement de beaucoup de responsables libéraux dont le patron de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl), Toussaint Manga. Il y a également eu les arrestations du lutteur Bathie Séras et de la jeune Karimiste Aminata Nguirane. Toujours au chapitre des arrestations, c’est souvent l’article «fourre-tout», le fameux article 80, qui est mis en branle pour casser de l’opposant. Cet article a d’ailleurs valu à deux reprises l’emprisonnement de Me Amadou Sall et Samuel Sarr pour offense au chef de l’Etat. Pourtant, dans toutes ces affaires, le parti du Président Macky Sall a toujours promis de mener le combat politique. Mais sans jamais relever le défi. Bien au contraire, c’est toujours à la police qu’on laisse la charge d’arrêter les opposants ou de disperser les manifestations. L’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, l’a vécu à la Place de l’Obélisque.

Avec Walf
Cheikh Amidou Kane
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