Verbalisée pour s’être baignée en voile? La scène est filmée lundi 22 août, sur la plage de Carras à Nice (Alpes-Maritimes). On peut y voir un policier municipal, de dos, surveiller la plage tandis qu’un de ses collègues discute avec un groupe de femmes en train de sortir de l’eau. Celle que l’on distingue le mieux est vêtue d’un legging noir, d’un tee-shirt à manches longues et d’un foulard mauve. Rien à voir, a priori, avec le burkini, ce maillot de bain intégral interdit par la mairie dans un arrêté pris vendredi 19 août.
Pour en savoir plus, metronews a contacté l’auteure de la vidéo, une parisienne en vacances à Nice et présente, à ce moment-là, sur la plage. "Vers 14 heures hier, j’étais en train de m’installer sur la plage de Carras à Nice", témoigne-t-elle. "J’ai vu la police arriver sur la plage et s’adresser au maître-nageur, qui leur a désigné un groupe de femmes se baignant habillées." La témoin poursuit : "J’ai dit à mon amie : ‘regarde, ils vont aller voir les filles dans l’eau’. Alors j’ai pris mon téléphone et j’ai filmé."
Metronews a pu visionner cette vidéo. Par souci de préserver l'anonymat de ces femmes, nous avons choisi de ne pas la diffuser. Le groupe en question est composé de quatre femmes. "L’une d’entre elles était voilée, les autres étaient habillées en tenue de tous les jours. Parmi elles, il y en a une qui était en short et en tee-shirt" détaille notre interlocutrice. "J’ai pu constater qu’un policier écrivait quelque chose. Quand ils sont partis, je suis allée voir le groupe de femmes, pour savoir ce qui s’était passé. L’une m’a dit qu’elle avait été verbalisée pour sa tenue vestimentaire. Elle était en larmes."
"Cela comporte une connotation religieuse"
Contactées, ni la police municipale de Nice ni la surveillance de la baignade n’ont donné suite. En revanche, l’entourage de Christian Estrosi, adjoint à la sécurité et au stationnement, confirme ce mardi à la mi-journée la verbalisation "d’une femme habillée et en voile, sur une plage de Nice". S’agit-il de la personne présente sur la vidéo ? Notre source n'a pas été en mesure de préciser le nom de la plage en question. En tout cas, à la question de savoir si une femme portant le voile - et non un burkini - peut être verbalisée sur les plages de Nice, on assure à metronews : "Oui, tout à fait. Cela comporte une connotation religieuse et rentre donc dans le cadre de l’arrêté. Je vous rappelle par ailleurs que l’arrêté ne mentionne pas le terme ‘burkini’".
En effet, dans l'arrêté pris par la ville de Nice, que metronews a pu consulter, il n'est pas explicitement fait mention au burkini. Il est précisé que l'accès aux plages publiques et la baignade sont interdites "à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité". C'est donc sur cette mention que s'appuie la municipalité pour verbaliser, de la même manière, des femmes arborant le simple voile.
Un incident qui n’est pas le premier à émerger, près d’une semaine après la multiplication d’arrêtés anti-burkini dans plusieurs communes du littoral azuréen. Mardi 16 août, une mère de famille de 34 ans a elle aussi été verbalisée par la police municipale sur la plage de la Bocca, à Cannes. En cause : le hijab qu’elle portait, assise sur la plage pendant le goûter de ses enfants. Contacté par l’Obs, le maire de Cannes, David Lisnard, justifie ainsi l’action des policiers : "L’arrêté municipal dispose que l’accès aux plages et à la baignade est interdit à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité."