175 000 Européens meurent chaque année de la chaleur, selon l'OMS

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 2 Aout 2024 à 12:56 modifié le Vendredi 2 Aout 2024 12:59

L'Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre et les registres de décès en montrent l'impact.


Les chaleurs extrêmes tuent plus de 175 000 personnes par an en Europe, a déclaré jeudi l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le vieux continent est la région du monde qui se réchauffe le plus rapidement.

À l'échelle mondiale, on dénombre environ 489 000 décès liés à la chaleur chaque année entre 2000 et 2019.

L'évaluation désastreuse de l'agence des Nations unies intervient quelques jours après un appel à l'action sur les chaleurs extrêmes lancé par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

"Des milliards de personnes sont confrontées à une épidémie de chaleur extrême - accablés par des canicules de plus en plus meurtrières, avec des températures dépassant les 50 °C dans plusieurs régions, [...] à mi-chemin de l'ébullition", a-t-il déclaré le 25 juillet, à la suite de trois jours de chaleur record.

"La chaleur extrême est le nouvel anormal", a-t-il ajouté, pointant du doigt le "changement climatique induit par l'homme et alimenté par les combustibles fossiles" comme étant la cause de ce réchauffement.


Plus d'un tiers des victimes de la chaleur sont européennes
En Europe, les températures augmentent environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale.

"Dans toute la Région, dans ses 53 États membres, les gens paient le prix fort", déclare le directeur régional de l'OMS pour l'Europe, le Dr Hans Henri P. Kluge.

Sur les quelque 489 000 personnes qui meurent chaque année des suites d'une chaleur extrême, 36 % vivent en Europe, soit environ 176 040 personnes.

Les trois années les plus chaudes jamais enregistrées en Europe ont toutes eu lieu depuis 2020, et les dix années les plus chaudes se sont produites depuis 2007. Au cours des 20 dernières années, la mortalité liée à la chaleur a augmenté de 30 %, avec une hausse des décès dans presque tous les pays.


L'été 2022 a été l'un des plus meurtriers de ces dernières décennies en Europe. Selon l'Institut français de la santé et de la recherche médicale, l’Italie a enregistré un total de 18 010 décès liés à la chaleur entre le 30 mai et le 4 septembre 2022, suivi de l’Espagne (11 324), de l’Allemagne (8 173) et de la France (4807).

Le stress thermique est désormais la première cause de mortalité liée au climat en Europe.


Les températures extrêmes exacerbent les maladies chroniques, notamment les maladies cardiovasculaires, respiratoires et cérébro-vasculaires, la santé mentale et les affections liées au diabète, explique le Dr Kluge.

Les chaleurs extrêmes présentent un risque pour les personnes âgées en particulier, notamment celles qui vivent seules. Elles peuvent également représenter un fardeau supplémentaire pour les femmes enceintes.


Comment se protéger des chaleurs extrêmes ?
"Le fait est que les effets néfastes du temps chaud sur la santé sont largement évitables grâce à de bonnes pratiques de santé publique. Si nous sommes mieux préparés à des températures plus élevées, nous sauverons de nombreuses vies, aujourd'hui et à l'avenir", affirme le Dr Kluge.

Au niveau national, plus de 20 pays européens ont mis en place des plans d'action contre la chaleur pour aider leurs citoyens à s'adapter aux températures extrêmes.

L'OMS prévient toutefois qu'il faut faire davantage pour protéger les communautés. Depuis son Centre européen pour l'environnement et la santé, situé à Bonn, en Allemagne, l'agence sanitaire élabore à l'heure actuelle un plan d'action actualisé afin d'aider les gouvernements à se préparer.

La campagne annuelle #KeepCool de l'OMS propose par ailleurs quatre conseils clés pour mieux résister aux chaleurs extrêmes :

Restez à l'abri de la chaleur : évitez de sortir et de faire des activités fatigantes pendant les heures les plus chaudes de la journée. Restez à l'ombre et ne laissez pas les enfants ou les animaux dans des véhicules en stationnement. Si cela est nécessaire et possible, passez 2 à 3 heures de la journée dans un endroit frais, comme un supermarché ou un cinéma.
Gardez votre maison fraîche : utilisez l'air de la nuit pour refroidir votre maison. Réduisez la charge thermique à l'intérieur de votre logement pendant la journée en fermant vos stores ou vos volets.
Gardez votre corps frais et hydraté : portez des vêtements légers et amples et utilisez des draps légers, prenez des douches ou des bains frais et buvez régulièrement de l'eau en évitant les boissons sucrées, alcoolisées ou caféinées en raison de leur effet déshydratant sur le corps.
Prenez soin de vous et des autres : prenez des nouvelles de votre famille, de vos amis et de vos voisins, en particulier des personnes âgées isolées.


Comment éviter les décès liés à la chaleur ?
Dans son discours prononcé à New York la semaine dernière, le chef des Nations unies a défini quatre domaines d'action essentiels.

La prise en charge des personnes vulnérables : étant donné que la chaleur accablante amplifie les inégalités, le chef de l'ONU préconise des solutions de nivellement, notamment un accès accru aux systèmes de climatisation à faible teneur en carbone.
Les systèmes d'alerte précoce doivent également être renforcés et les pays développés doivent tenir leurs promesses en matière de financement pour aider les pays en développement à protéger leurs citoyens contre les températures extrêmes, préconise António Guterres.

Renforcement de la protection des travailleurs : "L'Europe et l'Asie centrale sont les régions où l'exposition de la main-d'œuvre à la chaleur excessive a augmenté le plus rapidement", indique le secrétaire général des Nations-Unies.
La chaleur excessive étant à l'origine de près de 23 millions d'accidents du travail dans le monde, António Guterres considère essentiel que les lois et les réglementations, fondées sur les droits de l'Homme, soient mises à jour et appliquées.

3. Renforcement de la résilience des économies et des sociétés : des "plans d'action contre la chaleur" adaptés font partie de la réponse, en utilisant la science et les données pour "protéger contre la chaleur" les économies, les secteurs critiques et l'environnement bâti, ajoute le chef de l'ONU.

4. Limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 °C : "Finalement, pour s'attaquer à tous ces symptômes, nous devons combattre la maladie elle-même", affirme António Guterres.

"La maladie, c'est l'incinération de notre seul foyer. La maladie, c'est l'addiction aux combustibles fossiles. La maladie, c'est l'inaction en matière de climat".

Il a attiré l'attention sur l'essor des combustibles fossiles dans certains des pays les plus riches du monde et a exhorté toutes les nations à mettre en place, d'ici l'année prochaine, des plans d'action nationaux en matière de climat qui soient conformes à l'objectif de 1,5 °C de l'accord de Paris de 2015.

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