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17 MORTS SUR LA ROUTE EN 4 JOURS : MESURES D’URGENCE SIGNALÉES !

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 16 Mai 2019 à 17:26 modifié le Jeudi 16 Mai 2019 - 17:26

Une véritable hécatombe. Dix-sept (17) morts en moins d’une semaine. Samedi dernier, 11 mai, quatre (4) des pèlerins qui se rendaient à Banjul, en Gambie, pour une conférence religieuse, ont trouvé la mort sur la route. Le bilan s’est finalement alourdi, passant à cinq (5) morts. Huit (8) autres décès ont été enregistrés dans un accident survenu hier mardi, 14 mai, sur l’axe Kaolack-Nioro. Cinq (5) morts enregistrés sur le coup, trois (3) autres ont succombé à leurs blessures dont l’une (1) lors de l’évacuation par les sapeurs-pompiers et les deux (2) autres à l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack. Le reste, plus de vingt (20) blessés, sont tous dans un état critique. Un drame qui vient s’ajouter aux quatre (4) morts enregistrés dans l’accident sur le pont de Thiaroye, lundi soir, 13 mai.

Pour le deuxième cas signalé, le camion, à l’origine du drame, aurait quitté sa voie avant d’entrer en collision avec un minicar, véhicule de transport en commun. Pour le troisième aussi, un autre camion a perdu un (1) de ses pneus avant de déraper, tuant des conducteurs de scooters.

 

Plus de dix morts sur nos routes en l'espace d'une semaine. La banalité de la vie humaine est en débat au #Senegal.#kebetu

Un autre accident a occasionné trente-deux (32) blessés dont huit (8) dans un état grave. Un autre choc qui fait suite à une collision entre un bus de transport transportant les travailleurs de Sabadola, et un (1) véhicule particulier en provenance de Fimela, sur la Route nationale (RN) n°1 à la sortie de Diouroup. Les blessés ont été évacués au centre hospitalier de Fatick par les sapeurs-pompiers de la 32e Compagnie d’incendie et de secours. Qu’est-ce qui se passe sur nos routes ?

SENSIBILISER, SANCTIONNER


« Trop, c’est trop », râle le député Seydou Diouf. Le coordonnateur du réseau des parlementaires pour la promotion de la sécurité routière brandit la sanction. « Il nous faut à la fois sensibiliser mais il faut aussi réprimer certains comportements, qu’il s’agisse de l’occupation anarchique de la voie, du contrôle technique des véhicules, des chauffeurs qui enfreignent le code de la route, de l’agent de sécurité qui est sur la route et qui laisse passer des véhicules en surcharge au su et à la vue de tout le monde. »

« Ce qui se passe sur nos routes est tout simplement dramatique », alerte Ibrahima Ndongo, expert en transport et sécurité routière et consultant. « Au Sénégal, explique-t-il, nous avons un réseau routier assez bien parce qu’il faut le dire nous avons plus de six (6) mille kilomètres de route bitumés sur les seize (16) mille kilomètres de route au Sénégal. Mais le problème aujourd’hui, on a beaucoup d’autoroutes destinées en principe à une circulation sûre et rapide. Mais sur ces autoroutes-là, nous a un grand nombre d’accidents malheureusement mortels, si ce ne sont des incendies automobiles. Aujourd’hui, la situation est assez dramatique parce que quoi qu’on dise les chiffres n’ont jamais baissé. »

Pour sa part, son collègue député, Ousmane Sonko, préfère appeler à la vigilance, à la rigueur et à la sensibilisation : « Plus de vigilance dans la conduite des visites techniques ! Plus de rigueur dans les conditions de délivrance des permis de conduire ! Plus de sensibilisation sur la sécurité routière ! Plus de pragmatisme dans l’adaptation des infrastructures routières ! Plus d’exigence dans l’application du Code de la route ! »

PEU DE STATISTIQUES FIABLES


Pourtant, la question de la prévention a souvent été agitée au Sénégal. Mais, de l’avis d’Ibrahima Ndongo, « pour agir efficacement, il faut avoir des statistiques. Et, le malheur au Sénégal, en matière d’accidentologie, on n’a pas de statistiques fiables. Sauf celles des sapeurs-pompiers mais qui ne sont pas très poussées. C’est-à-dire qu’on nous dit qu’il y a tant de tués directs, tant de personnes évacuées. Mais combien de blessés sont morts par la suite ? Parce que pour l’OMS tout blessé qui décède dans les trente (30) jours est considéré comme tué dans l’accident. C’est ça le principe universel valable pour tous les pays. »

Le spécialiste insiste : « Les statistiques doivent nous renseigner sur les causes réelles des accidents. C’est ça le problème. Nous n’avons pas d’indicateurs fiables sur ces causes. » D’emblée, Ibrahima Ndongo rejette celle imputant la responsabilité aux pneus. « Je suis navré quand on parle de pneu éclaté qui cause un accident. Ce n’est pas possible. Un véhicule est très bien équipé. Donc, si un pneu éclate et qu’il y a accident, il faut revoir la compétence du conducteur ou bien l’état du véhicule. Est-ce que le conducteur tenait bien son volant ou roulait-il à une vitesse normale ? Ou est-ce que la voiture était en parfait état de marche ? » Autant d’interrogations qui font penser à l’expert qu’indexer les pneus ne sauraient être une démarche rigoureuse, même s’il ne manque de déplorer l’état de ces derniers et leur inadaptation à l’environnement du Sénégal.

PNEUS INADAPTÉS, TAILLES DES ROUTES ET DES CAMIONS...


En effet, constate-t-il, « nous recevons beaucoup de pneus usagers parmi lesquels il y en a énormément qui sont inadaptés pour les pays tropicaux. J’en ai vu plusieurs. Des pneus estampillés M. S. (mud (boue) and snow (neige)). Parce que ces pneus s’usent très vite, ne supportant pas la température élevée de nos pays. Ces pneus à très forte adhérence sont remplacés après l’hiver. En plus, ils renforcent la consommation de carburant en raison de leur adhérence. Ce sont des pneus que nous avons au Sénégal et qui sont malheureusement importés. Mais, malgré tout, insiste-t-il, dans des conditions normales, avec une vitesse correcte, l’éclatement d’une roue ne peut pas entraîner d’accident. »

Quid du problème avec les camions ? « Ici, nous avons des routes pas très larges et qui malheureusement qui sont à double sens alors que le gabarit des véhicules a beaucoup évolué. De 2 m 10 antérieurement, il est passé à 2m55 présentement. La taille de nos infrastructures n’a pas été améliorée. En plus d’un accotement non stabilisé. L’absence de passage à niveau sécurisé. Les trottoirs occupés par les marchands. La signalisation obsolète, quelque fois impropre et non renouvelée alors qu’elle doit être continue et homogène. » Tant d’obstacles à enlever de la chaussée pour espérer réduire le nombre d’accidents, notamment ceux impliquants les gros porteurs.

En outre, déplore le consultant, « beaucoup de véhicules ont des vitres teintées alors quand les conducteurs ne se voient pas, il y a un déficit de communication qui peut entraîner un accident. Parce que si vous roulez dans un véhicule aux vitres teintées, vous voyez les autres mais les autres non. Déjà, la première communication routière, c’est se voir les uns les autres. Il y a déjà un dialogue et on connait les intentions pour savoir qu’est-ce que l’autre a l’intention de faire. »

APPLICATION DES MESURES


Quid des mesures ? « Il y en avait antérieurement d’autres mais vous ne pouvez pas prendre des mesures et demander leur application tout de suite et quelque temps après, baisser la garde. C’est le problème de suivi. Parmi ces mesures également, il y en a qui ne sont pas possibles parce que la liberté d’aller et de venir est garantie constitutionnellement. Donc, si vous voulez dire que celui qui a un bus ne peut pas circuler de 22 heures à 06 heures du matin, vous limitez sa liberté. Ce qui est sûr et certain aujourd’hui, si on n’a pas les statistiques sur les indicateurs qui donnent les causes réelles avec des informations claires, on ne pourra pas faire grand-chose. » Par exemple, liste-t-il, « combien de chauffeurs travaillent à partir de 22 heures ou la formation des chauffeurs. Aussi, qu’en est-il de l’aptitude technique des véhicules ? L’adaptation du comportement à l’infrastructure ? »

« Il y a des campagnes de sensibilisation à mener, tranche-t-il. C’est vrai qu’il y a déjà beaucoup de campagnes mais est-ce qu’elles ont été évaluées ? C’est-à-dire qu’il faut auditer l’ensemble et voir aussi les assureurs parce qu’ils doivent être des acteurs. En proposant des programmes de sensibilisation, de formation, de renforcement de capacités à l’endroit des élèves depuis l’école. La prévention routière s’apprend depuis la maternelle. En France aujourd’hui, le siège-auto est obligatoire alors qu’ici, on peut voir quelqu’un qui conduit un véhicule avec son enfant entre lui et le volant. C’est-à-dire que vous apprenez à l’enfant qui apprend par imitation l’indiscipline et vous l’exposez. La plupart des véhicules sont équipés d’airbags mais ceux-ci peuvent être défaillants. C’est arrivé plusieurs fois. »

PROMOUVOIR ET DEVELOPPER LE TRANSPORT VERT


L’expert en transport et sécurité routière de poursuivre : « Il faut associer tous les partenaires parce que l’Etat, seul, ne peut pas tout faire. Voir le temps de travail des conducteurs parce que le code de la route dit que même si vous êtes en double équipage, celui qui conduit la nuit, ne peut obligatoirement pas faire deux (2) nuits consécutives en cabine. Cela veut dire que la troisième nuit, les deux (2) conducteurs doivent arrêter et aller dormir dans une chambre. »

Au-delà de « mettre en avant les femmes » dans la lutte, Ibrahima Ndongo insiste sur le suivi et l’évaluation des initiatives et campagnes déjà menées. « Parce qu’en matière de prévention routière les résultats ne sont pas instantanés. C’est deux (2), trois (3) ou quatre (4) ans après qu’on commence à voir les fruits. Et puis, développer le mode de transports vert comme on dit notamment le déplacement à pieds, à vélo. »

La semaine mondiale de la sécurité routière a été lancée, cette année, le 8 mai dernier, au Sénégal, sur le thème : « Leadership sécurité routière : Femmes en avant ». A l’occasion, Mansour Ndir, le Secrétaire général du syndicat des transports routiers du Sénégal, insistait sur la libération des emprises piétonnes pour une meilleure circulation afin de réduire le nombre d’accidents. « Les trottoirs aux piétons », scandait le transporteur, inte


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