11 personnes arrêtées au Maroc après la mort d'un vendeur de poissons

Rédigé par Dakarposte le Mardi 1 Novembre 2016 à 15:10 modifié le Mardi 1 Novembre 2016 15:13

Onze personnes ont été présentées à un juge d'instruction, mardi, au Maroc, quatre jours après la mort d'un vendeur de poissons, écrasé dans une benne ordure. Des milliers de manifestants étaient descendus dans la rue pour réclamer justice.

Quatre jours après la mort de Mouhcine Fikri, un poissonnier broyé dans la benne d'un camion à ordures, alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise saisie par des agents de la ville, onze personnes ont été présentées à un juge d'instruction, mardi 1er novembre, "pour faux en écriture publique et homicide involontaire", a annoncé le procureur général du roi à Al-Hoceima, où s'est produit le drame.

Face à la vague de manifestations à travers le royaume, une enquête avait été ouverte par le ministère de l'Intérieur dès le lendemain du drame. Dépêché par le roi Mohammed VI pour tenter de désamorcer la crise, le ministre de l'Intérieur, Mohammed Hassad, s'était rendu dimanche à Al-Hoceima pour exprimer "la compassion du souverain à la famille du défunt".

Le roi s'était directement saisi du dossier et avait donné des instructions "pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée". "Sa Majesté ne veut pas que ce genre d'accidents se reproduise", a souligné le ministre Hassad, qui a réaffirmé dimanche soir à l'AFP sa volonté de tout mettre en œuvre pour "établir les circonstances exactes du drame et en punir les responsables."

"Chasser les corrompus"

Ils étaient quelques milliers de Marocains à avoir de nouveau manifesté, lundi 31 octobre, à Al-Hoceima, dans le nord du pays. Toujours avec un fort accent identitaire amazigh et revendiquant l'héritage rebelle de la région, les manifestants ont, comme la veille, rendu hommage au "martyr Mouhcine", crié leur rejet de la "hogra" (l'arbitraire) et exigé que les "assassins" soient punis.

"Les manifestations se poursuivront jusqu'à ce que tous les responsables de ce crime soient punis", a déclaré à l’agence Reuters Al-Houssine Lmrabet, l'un des organisateurs du mouvement. "Nous voulons aussi la garantie que cela ne se reproduise pas. Cela doit commencer en chassant les personnes corrompues de l'administration publique."

Toutefois, la mobilisation de lundi était sans comparaison avec celle de la veille dans la région du Rif et quelques grandes villes. Dimanche, des milliers de personnes avaient participé dans le calme à son enterrement, avant de se rassembler dans la soirée dans le centre d'Al-Hoceima, cité côtière d'environ 55 000 habitants.

Des manifestations de moindre ampleur ont eu lieu dans plusieurs autres villes du Rif, mais aussi à Casablanca (ouest), Marrakech (centre-ouest), Settat (centre) Oujda (est) et Rabat, aux cris de "Nous sommes tous Mouhcine", et sur un ton plus politisé.

Le marchand de poissons avait refusé d'obtempérer à un barrage de police et avait ensuite été intercepté avec, dans sa voiture, "une quantité importante d'espadons, interdit à la pêche", selon le ministre. "Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça", a-t-il expliqué. Mais "personne n'avait le droit de le traiter ainsi", a déploré le ministre, promettant les conclusions de l'enquête d'ici "quelques jours".
Cheikh Amidou Kane
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